Un État palestinien dans le nord du Sinaï ?

décembre 2023
Article par Sofian Philip Naceur / RLS

Un État palestinien dans le nord du Sinaï ?

 

Déplacements forcés en Palestine et contrôle des populations en Égypte

 

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, des personnalités influentes en Israël ont ouvertement appelé à la destruction complète de Gaza et à l’expulsion de sa population vers le Nord-Sinaï, la péninsule égyptienne située à la frontière ouest de la bande de Gaza. Des dirigeant·es israélien·nes d’hier et d’aujourd’hui plaident ouvertement en faveur d’une seconde Nakba, mot arabe signifiant “catastrophe” que les Palestinien·nes utilisent pour désigner le déplacement forcé de leur population en 1948. Ces appels ont d’ailleurs été lancés immédiatement après l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023. Le Hamas doit être détruit à tout prix, affirme-t-on, même si cela doit engendrer le déplacement de la population entière de la bande de Gaza.

 

Ce qui a longtemps ressemblé à une absurde théorie du complot pourrait en fait être facilité par la guerre et une puissance militaire implacable, à savoir l’expulsion des centaines de milliers de Palestinien·nes de Gaza, voire même les premières mesures concrètes en vue de l’établissement d’un État palestinien croupion dans le nord du Sinaï. Bien que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi ait exprimé son opposition résolue à un tel scénario, l’évolution de la situation dans la péninsule depuis 2014 soulève un certain nombre de questions et, au vu du déroulement de la guerre à ce jour, s’avère plus qu’inquiétante.

 

“The dogs of war”

Le nord de la bande et la ville de Gaza elle-même sont déjà presque entièrement détruit·es, et resteront très probablement inhabitables pendant une période indéterminée. Les déclarations de haut·es responsables israélien·nes de la sécurité nationale, qui envisagent de sinistres scénarios pour l’après-guerre, ont été éclipsées par l’intensité de la guerre et ne sont guère relayées par les médias internationaux. Pourtant, le vieux rêve des partisan·nes de la ligne dure et des colons sionistes israélien·nes d’expulser toute la population palestinienne de Gaza n’a jamais semblé aussi réaliste, ni ses partisan·es aussi agressif·ves.

 

Le 17 octobre 2023, l’Institut Misgav pour la sécurité nationale et la stratégie sioniste (Misgav Institute for National Security and Zionist Strategy) a publié un document appelant ouvertement à la “réinstallation définitive de l’ensemble de la population de Gaza” en Égypte. Le rapport fait référence à “dix millions de logements disponibles” en Égypte, “dont la moitié est achevée et l’autre moitié en cours de construction”. Ces logements pourraient accueillir jusqu’à 6 millions de personnes, et le coût de la réinstallation pourrait s’élever de 5 à 8 milliards de dollars.

 

Peu de temps après, un site web israélien a divulgué un rapport interne du gouvernement évoquant le déplacement systématique de l’ensemble de la population de Gaza vers le Nord-Sinaï, au terme d’une invasion terrestre de l’armée israélienne. Après l’installation de camps pour les Palestinien·nes déplacé·es au sud-ouest de la bande de Gaza, un “corridor humanitaire” serait établi, suivi de la construction de nouvelles villes dans le Sinaï. En parallèle, une “zone stérile” de plusieurs kilomètres de large serait créée au sud de Rafah, “afin que les habitant·es expulsé·es ne puissent pas revenir”. La population palestinienne “déracinée” devrait être “absorbée” par d’autres pays ; le Canada, la Grèce, l’Espagne ou encore certains États d’Afrique du Nord étant cités comme candidats potentiels.

 

Giora Eiland, chef du Conseil national de sécurité d’Israël de 2004 à 2006, est lui aussi revenu sur le devant de la scène. Depuis le début de la guerre, il a publié plusieurs articles reprenant les idées qu’il avait propagées il y a 20 ans, notamment la “destruction disproportionnée et intentionnelle des infrastructures et des populations civiles”, articulée à la proposition de “déplacer de force les Palestinien·nes vers le Sinaï”, qui constitue la clé de voûte de la stratégie globale défendue par l’ancien général, comme le résume le média égyptien Mada Masr à partir des dernières publications d’Eiland. “Israël doit déclencher une crise humanitaire à Gaza, obligeant des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes à se réfugier en Égypte ou dans le Golfe”, a-t-il écrit dans un récent “article d’opinion”. Ses objectifs affichés sont l’élimination du Hamas en tant qu’organe militaire et gouvernemental à Gaza, et le déplacement de l’ensemble de sa population.

 

Dans un autre texte, Eiland compare même Gaza à l’Allemagne nazie, expliquant qu’une guerre entre États ne se gagne pas uniquement par le combat militaire, mais surtout en “détruisant les mécanismes de fonctionnement de la partie adverse”. Israël ne doit donc en aucun cas “fournir à l’autre partie des ressources qui lui permettent de rester en vie”, une référence explicite à l’approvisionnement en électricité et en carburant. “Pour gagner la guerre plus rapidement et à moindre coût, il faut que les structures de l’autre partie s’effondrent, et non pas simplement tuer davantage de combattants du Hamas”, a déclaré l’ancien général. “Nous ne devons pas craindre une ‘catastrophe humanitaire à Gaza et de graves épidémies’, car, après tout, de graves épidémies dans le sud de la bande de Gaza nous rapprocheront la victoire et permetteront de réduire le nombre de victimes parmi les soldat·es du Tsahal” [armée israélienne].

 

Un vieux fantasme colonial

Ce que Mada Masr qualifie de “vieux fantasmes coloniaux” existent depuis les années 1960. Ils ont été formulés pour la première fois peu après la guerre des Six Jours en 1967, qui s’est soldée par l’occupation par Israël de la Cisjordanie, de Gaza, du Sinaï et du plateau du Golan. À l’époque, des membres du gouvernement israélien avaient proposé de transférer la population gazaouie en Cisjordanie et en Jordanie, afin de permettre l’annexion de la bande de Gaza par Israël. Autour de 1970, Israël a brièvement tenté d’inciter les Palestinien·nes de Gaza à s’installer à Al-Arish, dans le Sinaï occupé par Israël, une stratégie abandonnée peu après au milieu des années 1970.

 

Eiland et le professeur israélien Yehoshua Ben-Arieh ont propagé une version revisitée de ce scénario au début des années 2000, en proposant un échange de territoires entre Israël, la Palestine et l’Égypte. L’Égypte devait céder une partie du Nord-Sinaï à la population palestinienne afin de créer une sorte de Grand Gaza, tandis qu’Israël céderait une partie du désert du Néguev à l’Égypte. Ce n’est qu’en 2014 que Galatz, la radio de l’armée israélienne, a repris l’idée en affirmant qu’une telle “solution” pourrait accueillir tous·tes les réfugié·es palestinien·nes et satisfaire le “droit au retour”. La même année, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a déclaré qu’al-Sissi avait en effet proposé un tel accord, ce qu’il a démenti peu après en admettant que l’ex-président égyptien Mohamed Morsi, renversé lors du sanglant coup d’État militaire de 2013, avait seulement offert des terres dans le nord du Sinaï en 2012.

 

En 2017, l’ancien président égyptien Hosni Moubarak, évincé lors de la révolution de 2011, a publiquement démenti un reportage de BBC News Arabic selon lequel, lors de pourparlers avec la Premier ministre britannique Margaret Thatcher en 1983, il aurait accepté d’accueillir des réfugié·es palestinien·nes installé·es dans le sud du Liban. Toutefois, Moubarak a admis que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait de nouveau suggéré d’installer des Palestinien·nes dans le nord du Sinaï dans le cadre d’un échange de terres en 2010, une proposition que l’ex-dictateur égyptien avait alors catégoriquement rejetée, d’après ses dires.

 

Le fantasme colonial a pris un nouvel élan lorsque Donald Trump a pris ses fonctions en 2017. Après que son administration a déplacé l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, une pure provocation à l’égard de la partie adverse palestinienne, Trump a nommé son gendre Jared Kushner comme envoyé spécial pour la région, organisant une conférence dans l’État de Bahreïn dans le Golfe en 2019 pour collecter des fonds, pour une initiative désormais connue sous le nom d’ “Accord du siècle”.

 

Au sein de l’opinion publique dans les pays arabes, cette initiative a été perçue comme un stratagème à moindre coût visant à payer les États arabes pour accueillir les réfugié·es palestinien·nes. Contrairement à l’initiative de paix arabe de 2002, que l’on peut qualifier de pragmatique en proposant la constitution d’un État palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale, ainsi qu’ un échange de territoires entre la Palestine et Israël pour régler la question des colonies en échange de la reconnaissance d’Israël par les pays arabes, la décision de Donald Trump a été perçue comme un nouvel affront à la population palestinienne, car elle donne à Israël le feu vert pour annexer la vallée du Jourdain et légaliser les colonies israéliennes installées en Cisjordanie occupée.

 

Les limites de la solidarité

 

La convergence entre le déroulement des événements récents et actuels et le scénario promu par Eiland est préoccupante. Il n’est donc pas surprenant que le président-dictateur égyptien al-Sissi ait affirmé à plusieurs reprises être opposé à la proposition de réinstaller une partie de la population palestinienne dans le Sinaï.

 

Quelques jours seulement après le début de la guerre, al-Sissi a formulé une mise en garde contre la “liquidation” de la “cause palestinienne” et l’abandon de la “solution à deux États”. L’expulsion des Palestinien·nes vers le Sinaï constituerait un risque inacceptable pour la sûreté de l’État égyptien, car elle déplacerait la résistance palestinienne en Égypte, transformant alors le Sinaï “en rampe de lancement pour des opérations contre Israël”, et serait susceptible de provoquer une escalade militaire entre Israël et l’Égypte. Les médias contrôlés par les services de renseignement égyptiens ont depuis lors largement abordé la menace du “plan Eiland”, en mettant toujours l’accent sur l’opposition farouche d’al-Sissi à un tel scénario. Mada Masr fait état du débat public en Égypte à ce sujet.

 

Il n’est pas surprenant que cette proposition rencontre une opposition aussi marquée, du moins verbalement. En effet, une écrasante majorité de la population égyptienne exprime une solidarité sans détour à l’égard des Palestinien·nes, et des élections présidentielles doivent se tenir en décembre. Celles-ci ne seront ni libres ni équitables, la réélection d’al-Sissi n’étant qu’une simple formalité. Néanmoins, au vu de la situation politique et socio-économique actuelle, le fait d’envisager l’expulsion des habitant·es de Gaza vers l’Égypte, ou de ne pas s’y opposer fermement se retournerait presque inévitablement contre al-Sissi, et pourrait même provoquer des manifestations contre la présidence, ce qui viendrait perturber la mascarade électorale en cours.

 

En réalité, la solidarité avec la Palestine qu’affichent les élites des pays arabes a longtemps sonné creux. Cette solidarité reste forte dans la rue, du Maroc au Yémen, mais le pragmatisme a depuis longtemps pris le dessus pour les élites dirigeantes de la région. La rhétorique panarabiste de Gamal Abdel Nasser est morte et enterrée depuis longtemps. Ces élites n’affichent leur solidarité avec la Palestine que lorsqu’elle s’avère utile pour des raisons politiques, comme lors de campagnes électorales, lorsque la légitimité politique s’effrite ou en temps de crises sociales et économiques.

 

Préparer le terrain

Les préparations pour l’expulsion et la réinstallation de la population gazaouie dans le nord du Sinaï sont en cours depuis 2014 du côté égyptien, où le régime d’al-Sissi et l’armée égyptienne semblent être parvenu·es à créer les conditions préalables à un tel déplacement.

 

L’armée égyptienne est actuellement engagée dans une lutte sans merci dans le Nord-Sinaï contre la milice islamiste Wilayat Sina, une division de État islamique (EI) autoproclamé. Le groupe armé est responsable du meurtre brutal de centaines de membres des forces de l’ordre et de civil·es égyptien·nes, ainsi que d’attaques ciblées contre des chrétien·nes. La milice a également revendiqué l’attentat contre un avion de ligne russe qui a fait 224 mort·es fin 2015, ainsi que le massacre perpétré devant une mosquée à Bir el-Abd, dans la partie occidentale du Nord-Sinaï, au cours duquel plus de 300 personnes ont été tuées. Depuis ces attaques, l’armée égyptienne ne parvient pas à rétablir la sécurité dans la région malgré le déploiement de dizaines de milliers de soldats.

 

En parallèle, l’armée d’al-Sissi est accusée d’arrestations arbitraires, de disparitions forcées de civil·es, de torture et d’exécutions extrajudiciaires de combattants présumés de l’EI. Des groupes de défense des droits humains tels que Human Rights Watch et la Fondation du Sinaï pour les droits de l’homme (Sinai Foundation for Human Rights) ont documenté les innombrables violations des droits humains commises par les autorités militaires égyptiennes et par Wilayat Sina à l’encontre de la population du Nord-Sinaï.

 

Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées ou ont dû fuir face à la terreur, aux couvre-feux, aux graves perturbations de l’approvisionnement en eau et en électricité et aux pénuries alimentaires. Les violences contre la population civile, ainsi que la démolition systématique des maisons dans la partie égyptienne de Rafah, située à la frontière avec Gaza, et dans les villes d’Al-Arish et de Cheikh Zuweid ont provoqué le déplacement de près de 150 000 personnes depuis 2014, soit un tiers de la population totale du Nord-Sinaï.

 

Invoquant le prétendu trafic d’armes de Gaza vers l’EI par le biais de tunnels transfrontaliers, l’Égypte a publié deux décrets établissant une zone tampon de cinq à sept kilomètres au sud de la frontière avec Gaza, faisant de la région une zone militaire restreinte. Ces décrets contiennent également des dispositions relatives à l'”évacuation” de la zone ainsi qu’à l’indemnisation des personnes vivant dans cette zone, qui seront progressivement expulsées de leurs logements dans les années à venir. La ville égyptienne de Rafah, qui compte environ 75 000 habitant·es, a été littéralement rayée de la carte. Selon Human Rights Watch, au moins 12 350 bâtiments ont été démolis entre 2013 et 2020, la plupart à Rafah, Al-Arish et dans les villages environnants.

 

Al-Sissi a publié un nouveau décret présidentiel en 2021 pour élargir considérablement la zone militaire restreinte à la frontière avec Gaza, qui est passée de 79 à 2 655 kilomètres carrés. Au même moment, la Fondation du Sinaï pour les droits de l’homme a signalé la construction d’une barrière de six mètres de haut ressemblant à un mur frontalier à l’est d’Al-Arish, apparemment bâtie le long de la zone restreinte nouvellement établie qui sépare les localités environnantes de Rafah des contreforts orientaux d’Al-Arish, et de l’aéroport militaire qui s’y trouve.

 

Selon Human Rights Watch, les expulsions n’ont pas été menées dans le respect du droit international. En outre, bien que le gouvernement égyptien ait promis des compensations aux habitant·es, peu de choses ont été entreprises dans ce sens. L’octroi de logements de substitution dans des villes telles que New Rafah, projet urbain longtemps retardé, ou le droit au retour promis par les autorités égyptiennes aux habitant·es déplacé·es des villages situés en dehors de la zone restreinte de Rafah, ont provoqué des tensions entre l’État et les populations locales pendant des années, déclenchant des mouvements de contestation réguliers et même des affrontements, dont le plus récent s’est déroulé en octobre 2023. Six groupes égyptiens de défense des droits humains ont récemment publié une déclaration dans laquelle ils établissent un lien entre la répression violente des manifestations du mois d’octobre et le carnage actuellement en cours à Gaza, et tirent la sonnette d’alarme quant au déplacement forcé des habitant·es du Nord-Sinaï et de la population gazaouie vers le Sinaï.

 

Pas d’avenir pour Gaza

Face aux appels répétés d’Israël à expulser toute la population de Gaza, et si l’on considère la corrélation entre l’évolution de la situation dans le Nord-Sinaï depuis 2014 et la guerre en cours dans la bande de Gaza, un certain nombre de questions dérangeantes se doivent d’être posées.

 

Compte tenu des rapports selon lesquels le gouvernement de Netanyahu a ignoré les avertissements d’une attaque imminente, l’attaque du Hamas a-t-elle constitué un prétexte opportun pour les forces extrémistes israéliennes de faire pression pour le déplacement forcé des Palestinien·nes ? Dans quelle mesure le régime égyptien a-t-il créé dans le Sinaï les conditions préalables à une expulsion de masse, ouvrant ainsi la voie à divers scénarios ? Sommes-nous en train d’assister aux prémices d’un nouveau déplacement forcé de la population palestinienne, cette fois vers le Nord-Sinaï ?

 

En dépit de la politique de dépeuplement menée par al-Sissi dans le nord du Sinaï, la création d’un État palestinien à court ou moyen terme sur ce territoire est probablement irréaliste. Une cession de terres dans le Sinaï, nécessaire à l’application d’un tel scénario, n’est tout simplement pas réalisable en Égypte dans un avenir proche. La cession à l’Arabie saoudite en 2016 de deux îles inhabitées de la mer Rouge dans le golfe d’Aqaba, Tiran et Sanafir, a montré comment l’opinion publique égyptienne pourrait réagir face à une cession de terres dans le Sinaï. L’opposition, brisée par des années de répression impitoyable, mais aussi des franges influentes de l’élite égyptienne avaient ouvertement rejeté l’accord sur les îles.

 

En revanche, l’expulsion de dizaines, voire de centaines de milliers de Palestinien·nes de Gaza vers le Sinaï semble très réaliste. La cessation des hostilités n’est pas à l’ordre du jour, et l’armée israélienne semble déterminée à poursuivre son offensive aérienne et terrestre, rendant ainsi la vie impossible dans une grande partie de la bande de Gaza occupée. Si les allié·es d’Israël, avec les États-Unis en tête, ne mettent pas un frein au plan de guerre de Netanyahou, tôt ou tard la seule issue pour la population civile palestinienne sera de fuir vers le nord du Sinaï, un scénario qui semble de plus en plus probable au fur et à mesure qu’Israël intensifie ses bombardements dans le sud de la bande de Gaza.

 

Si l’Égypte continue de s’opposer à une telle stratégie, du moins en théorie, il ne faut pas s’attendre à une véritable opposition de la part des allié·es supposé·es de la Palestine dans le monde arabo-musulman. La Libye, le Soudan et le Yémen sont déchiré·es par des conflits armés entre milices et armées rivales. Après des années de guerre et l’occupation de certaines parties de son territoire par la Turquie, la Syrie est dans un état de déclin militaire et économique, et n’a ni la volonté ni la capacité d’ouvrir un front nord avec Israël. Pendant ce temps, le Hezbollah, soutenu par l’Iran, n’a aucun intérêt à s’impliquer dans une guerre ouverte avec Israël, tandis que le régime militaire d’al-Sissi se soucie avant tout de sa propre stabilité politique, pour laquelle il doit à tout prix maintenir la population égyptienne sous contrôle. Les démonstrations de solidarité avec la Palestine dont al-Sissi fait actuellement preuve sont avant tout opportunistes.

 

Pendant ce temps, alors que l’armée israélienne étend son assaut aérien jusqu’au sud de la bande de Gaza, l’avenir n’a jamais semblé aussi sombre pour les plus de 2 millions de civil·es palestinien·nes qui vivent à Gaza. En effet, si les factions les plus radicales de l’establishment israélien parviennent à leurs fins, leur temps semble compté sur ce territoire.

 

Une version éditée de cet article a été initialement publiée en allemand dans le magazine autrichien International.

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