L’héritage de la guerre civile algérienne: les disparitions forcées et le prix de l’amnistie

avril 2022
Article par Sofian Philip Naceur/RLS

Dans le cadre de notre série d’événements et de publications organisés en 2022 à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, RLS republie cet article initialement publié par le média en ligne égyptien Mada Masr en 2017. Rédigé 19 mois avant le soulèvement du Hirak de 2019 qui a renversé le président algérien Abdelaziz Bouteflika, le contenu a depuis été partiellement actualisé.

 

L’Afrique du Nord a été l’épicentre de ce que l’on appelle le printemps arabe, qui a vu des soulèvements populaires faire vaciller les régimes autoritaires en Tunisie, en Égypte, en Libye, en Syrie et au Yémen en 2011. Mais dans l’un des pays méditerranéens, le mécontentement croissant de la société envers les élites kleptocratiques a largement échoué à se matérialiser en une mobilisation publique. Ce n’est qu’en 2019 que le ressentiment superposé à une crise économique a déclenché une nouvelle révolte populaire en Algérie, surnommée depuis le Hirak (terme arabe signifiant “mouvement”).

Alors que les soulèvements de 2011 ont ouvert la voie à l’effondrement temporaire des régimes autocratiques dans plusieurs pays, le régime algérien s’est maintenu au pouvoir. Les manifestations antigouvernementales ont été en effet marquées par la réticence, et le plus grand rassemblement à Alger en 2011 n’a réuni que quelques milliers de personnes, le régime ayant pris soin de transformer la ville en forteresse.

Le gouvernement, dirigé par l’armée et l’ancien parti d’unité, le Front de libération nationale (FLN), avait alors consenti à de rares concessions et promesses de réforme, tout en avertissant la population que le ralliement aux manifestations de la révolte populaire pourrait conduire à nouveau à des troubles et des effusions de sang. Les dirigeants politiques avaient à plusieurs reprises représenté la guerre civile des années 1990 comme une répercussion immédiate du soulèvement politique de 1988.

En effet, les exactions commises à l’encontre des civil·es au cours de cette guerre étaient sans précédent : 150 000 personnes ont été tuées dans le conflit opposant l’État aux groupes islamistes armés. Cependant, malgré l’implication avérée de l’armée dans les atrocités de la guerre, le régime a su faire du traumatisme national qui en a découlé un outil pour renforcer sa légitimité et sa domination sur le discours public. Depuis, l’élite dirigeante se présente comme le sauveur de la nation contre une prise de pouvoir par les islamistes, constituant la seule alternative au chaos et au bain de sang survenus dans les années 1990 – un discours que les dirigeants algériens ont récité à plusieurs reprises en 2011, et après la dispersion violente du sit-in de Rabea al-Adaweya au Caire en 2013.

Le régime continue de se nourrir de cette peur et d’instrumentaliser la guerre des années 1990 pour justifier sa mainmise sur le pouvoir. Pourtant, le récit de son efficacité à maintenir la stabilité s’oppose fortement aux histoires personnelles de celles et ceux qui ont été assassiné·es ou victimes de disparition forcée pendant l’impitoyable campagne anti-insurrectionnelle menée par l’armée. Une histoire trouble, que le recours à l’amnistie politique pour régler le conflit n’a pas résolue.

A ce jour, les enquêtes sur les disparitions forcées sont pour la plupart suspendues par les forces de sécurité, bien que les familles des milliers de civil·es dont le sort reste inconnu cherchent toujours à obtenir justice, et continuent de s’opposer catégoriquement au récit officiel. Mais le combat est rude, car l’État refuse systématiquement de reconnaître l’ampleur de ces injustices et ignore les demandes des familles des disparu·es, qui préfèrent alors se tourner vers la société civile du pays.

 

Les disparitions forcées et la guerre civile algérienne

“Ils sont venus la nuit, ont fouillé la maison de ma grand-mère et ont emmené mon père. C’est la dernière fois que quelqu’un de notre famille l’a vu vivant”. Torkia Bourechak avait 14 ans lorsque la très redoutée police militaire algérienne a arrêté Adda Bourechak à Sidi Bachir, un quartier défavorisé de la banlieue d’Oran, sur la côte méditerranéenne.

Leur maison avait été fouillée à plusieurs reprises, mais Adda et son jeune frère Houcine étaient assez prudents pour partir se cacher ailleurs à chaque fois, jusqu’à ce jour de 1994 où ils ont été enlevés. Aujourd’hui, Torkia n’a plus aucun espoir de les retrouver vivants. Pendant des années, sa famille les a cherchés dans les prisons, les hôpitaux et les morgues, avant de finir par abandonner les recherches en 2001. Torkia, elle, cherche toujours à connaître la vérité.

“Ils n’étaient pas islamistes, pas du tout. Mais ils ont voté pour le Front Islamique du Salut (FIS) aux élections législatives de 1991”, explique-t-elle.

Le FIS, parti islamiste radical, avait obtenu un soutien massif de la part de larges franges de la société algérienne, y compris des opposant·es non islamistes aux anciennes élites après le soulèvement de 1988. Le parti était sur le point de remporter une victoire écrasante lors des premières élections démocratiques depuis que l’Algérie avait acquis son indépendance de la France en 1962. Mais le second tour du scrutin n’a jamais eu lieu. En janvier 1992, l’armée intervient, annule le processus électoral, déclare l’état d’urgence et met en place un gouvernement militaire.

Le FIS est alors interdit et dissous. Nombre de ses membres et sympathisant·es entrent dans la clandestinité, se cachant de la répression menée contre le parti, tandis que sa fraction la plus radicale choisit la voie de la résistance armée et se constitue en plusieurs groupes violents, comme l’Armée Islamique du Salut (AIS), qui commencera par la suite à commettre des attentats à la bombe contre l’État. L’état d’urgence accorde aux autorités un pouvoir quasi illimité, ce qui déclenche une campagne d’arrestations de longue durée contre des responsables du FIS, des partisan·nes du parti et d’autres personnes ayant participé à des manifestations contre la prise de pouvoir de l’armée. Durant la “décennie noire” en Algérie, les détentions arbitraires deviennent monnaie courante.

“La seule chose que mes proches ont fait, c’est participer à des marches et voter pour le mauvais parti. Ce n’était pas des terroristes, mais la police était toujours à leur recherche”, explique Torkia.

Si de nombreuses familles n’ont aucune information sur ce qui est arrivé à leurs proches, d’autres disposent de preuves évidentes quant à l’identité des auteurs des enlèvements ou des meurtres des membres de leur famille. C’est le cas d’Ahmed Khaddour, dont le frère Selman a été convoqué à la gendarmerie d’Ain Benian, dans le Grand Alger.

“Deux jours après qu’il s’y soit rendu pour être interrogé, l’hôpital a appelé et nous a demandé de venir chercher son corps”, raconte Khaddour. “Ils ont dit que c’était un suicide, mais son corps montrait des marques de torture. Il est mort étouffé.”

La famille de Selman était une cible typique des services de sécurité algériens, car nombre de ses membres soutenaient le FIS; certain·es adhèraient même au parti, selon Khaddour. Mais leur soutien aux islamistes leur a coûté très cher : six des membres de la famille de Khaddour ont disparu pendant la guerre, et aucun d’entre eux ne serait encore en vie aujourd’hui.

 

La montée en puissance des services de renseignements militaires algériens

Après le coup d’État, l’armée et le tristement célèbre Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS) mènent une véritable chasse aux sorcières contre toutes les personnes associées au FIS. Ils parviennent à marginaliser le FLN et échappent par la suite à tout contrôle. Les sillons d’un gigantesque bain de sang ont été tracés, et ses cicatrices sont encore profondes aujourd’hui.

En 1997, le conflit atteint son paroxysme lorsque la lutte acharnée entre l’insurrection islamiste et le régime est hors de contrôle. Trois ans après sa création, l’AIS a perdu beaucoup de terrain face à son principal rival, le Groupe Islamique Armé (GIA), une faction ultra-radicale. Contrairement à l’AIS, les infrastructures de l’Etat ne sont pas les principales cibles du GIA, qui procède à des exécutions systématiques de journalistes, d’artistes et d’étranger·es. Le groupe armé commet même des massacres parmi les civil·es, tandis que d’autres cellules islamistes commencent à procéder à des disparitions forcées pour répandre la peur. Après l’arrivée de Liamine Zeroual à la tête du pays, l’AIS entame des négociations avec l’État – une stratégie à laquelle le GIA et les militaires partisans de la ligne dure sont fermement opposés.

Chaque fois que les pourparlers progressent, le GIA intensifie ses assauts contre les civil·es et l’AIS. Si l’on ignore encore l’identité des responsables de ces attaques, le DRS, dirigé par le chef des services secrets Mohamed “Tewfik” Mediène, a certainement pris part à ces actions violentes. L’institution est en effet suspectée d’avoir infiltré le GIA à grande échelle.

Dans son livre La sale guerre, l’ancien officier Habib Souaïdia décrit comment les unités du DRS ont commis des exécutions extrajudiciaires et des massacres parmi des civil·es, parfois déguisés en islamistes. Le récit d’une “guerre légitime” contre le terrorisme s’est effondré, les rapports indiquant que le DRS avait bien plus de sang sur les mains que ce que ses dirigeants ne voulaient bien admettre.

Pourtant, le DRS a fortement renforcé son emprise sur le pouvoir, en continuant à appliquer la stratégie de l’escalade et en utilisant le GIS et les disparitions forcées pour faire régner la peur. La ligne dure de l’armée avait pour objectif de discréditer les islamistes et de rétablir la légitimité du régime afin de garantir ses privilèges, et l’accès aux revenus du pétrole et du gaz de l’État. Des objectifs partagés par le FLN et le parti de Zeroual nouvellement créé, le Rassemblement national démocratique (RND). Le seul motif de désaccord concernait les moyens de les atteindre.

 

La Charte algérienne pour la paix et la réconciliation nationale

Au plus fort de la guerre, en 1997, le régime initie un processus de réconciliation. Le gouvernement et l’AIS conviennent d’un cessez-le-feu, et le DRS fait cesser la répression. L’armée ouvre la voie au rétablissement de la stabilité politique en soutenant la candidature à la présidence de l’ancien ministre des Affaires étrangères alors en exil, Abdelaziz Bouteflika (FLN), qui remporte une victoire écrasante aux élections de 1999. L’armée se retire du pouvoir et s’efface – officiellement – au profit de Bouteflika, le “candidat du consensus” du régime qui n’a pas de sang sur les mains. Celui-ci lance rapidement la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, une initiative destinée à mettre un terme au conflit qui sera adoptée par un référendum public le 29 septembre 2005. Entrée en vigueur en février 2006, la charte accorde l’amnistie aux “terroristes” – à l’exception de celles et ceux qui se sont rendu·es coupables de meurtres de masse, d’attentats à la bombe dans des espaces publiques et de viols. L’amnistie garantit l’indemnisation des familles des personnes décédées ou disparues, et l’Etat est implicitement disculpé pour ses crimes.

Mais la charte fait l’objet de controverses. En 2012, le gouvernement annonce avoir procédé à l’indemnisation de 7 020 familles de personnes disparues pendant la guerre, mais les détails du cessez-le-feu conclu avec l’AIS et les chiffres exacts de l’ampleur de l’amnistie ne sont pas rendus publics. De plus, certain·es affirment que la charte a été élaborée pour permettre aux agent·es de l’État qui avaient infiltré des groupes armés de retourner à la vie civile sans être inquiété·es pour leurs crimes.

Pendant ce temps, les luttes intestines du régime pour le pouvoir s’apaisent et permettent la renaissance d’une autocratie bipolaire. Le clan Bouteflika rétablit progressivement le FLN comme façade incontestée du régime – un statut que le parti continue de défendre, même après le soulèvement du Hirak qui a renversé l’ancien président et son clan en 2019 -, et le DRS devient la branche la plus puissante de l’État. L’unité est présentée comme seul véritable contrepoids au FLN de Bouteflika, à même de diriger le pays.

 

Faire face à l’héritage de la guerre civile

Aujourd’hui encore, les autorités algériennes persistent à ignorer les revendications des familles de disparu·es, refusent de reconnaître l’ampleur des crimes commis par l’État et vantent leur stratégie pour mettre fin au conflit. Sans surprise, nombre de ces familles s’opposent aux mesures d’amnistie méprisant leur quête de justice, et appellent chaque année à des rassemblements le 29 septembre, date anniversaire du référendum sur la charte de 2005.

Ces familles sont nombreuses. Près de 20 000 civil·es ont été victimes de disparition forcée pendant la guerre, comme l’affirme Nassera Dutour, fondatrice du Collectif des Familles de Disparu(e)s en Algérie (CFDA) basé à Paris, et de sa branche algérienne SOS Disparus, en se référant à des estimations fournies par des militant·es des droits humains. L’ONG collecte des données sur les disparitions, sensibilise au sort inconnu des personnes arrêtées illégalement et disparues, assiste leurs familles et organise des rassemblements. Le CFDA est le seul organisme représentant ces familles qui mène encore des activités publiques, défendant des milliers de familles de personnes victimes d’enlèvement pendant la campagne anti-terroriste menée par le régime.

“Nous comptabilisons plus de 5 400 cas dans nos archives, mais beaucoup demeurent inconnus, car les gens ont peur de parler”, explique M. Dutour.

L’État continue d’adopter une attitude ambivalente à l’égard des familles de disparu·es. Les manifestations sont rapidement dispersées et leurs activités surveillées, même si les autorités s’abstiennent de fouiller ou fermer leurs bureaux, ou de porter des accusations officielles après des arrestations.

“En 2016, nous n’avons pas pu organiser un atelier à l’endroit prévu car quelqu’un a intercepté nos courriels et les a transmis au directeur de l’hôtel, en nous accusant d’être une organisation terroriste et nous menaçant d’arrestation si l’événement était maintenu”, raconte Dutour. Elle ajoute que les familles de disparus ont longtemps été présentées comme des terroristes. “Même les médias nous qualifiaient de “familles de terroristes”. Mais les temps changent, petit à petit.”

Depuis, l’héritage de la guerre civile imprègne en effet le discours public d’une couche de peur et de suspicion. Ces accusations étaient assez courantes, confirme Torkia. “Les voisin·es nous évitaient et nous accusaient de cacher des armes, mais, ces dernières années, les gens sont devenus plus raisonnables et nous ont demandé ce qu’il s’était passé. On pouvait parler ouvertement”, dit-elle.

L’establishment sécuritaire et les forces pro-régime continuent d’aborder le conflit de manière biaisée, mais à mesure que la légitimité du régime décline, ses narratifs de la “décennie noire” perdent en crédibilité.

Bien que l’on puisse se demander si les familles des disparu·es ont les capacités de faire briser le silence, elles continuent de s’exprimer et de contester l’effacement de l’histoire par le régime. “C’est tout ce qu’il me reste de mon fils”, dit Mme Dutour en montrant une affiche du CFDA sur laquelle figure la photo de son fils, Amine, disparu en 1997.

En parallèle, le CFDA a établi des relations étroites avec d’autres acteurs de la société civile, comme les organisations et les partis défendant des droits humains, notamment le Front des Forces Socialistes et le Parti des Travailleurs. Les forces pro-régime et les partis d’opposition ayant un programme anti-islamiste radical gardent leurs distances avec le CFDA. Mais aujourd’hui, les familles de disparu·es ne font plus campagne seules.

 

Politique de l’opacité et déclin de la légitimité

La volonté du régime d’assurer son emprise sur le pouvoir se heurte aujourd’hui à des obstacles de taille, mais une alternative à l’élite bipartite composée par la coalition FLN-RND et des militaires n’est pas encore en vue. Cela crée une situation de bourbier politique qui n’a été que partiellement impacté par le soulèvement du Hirak en 2019.

Après les élections législatives de 2017, le FLN a clairement signifié qu’il se considère comme la branche dirigeante du régime. “Nous ne nous allions pas avec les autres. Les autres s’allient avec nous”, a déclaré le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbas, après la fermeture des bureaux de vote.

Depuis 2015, les proches de Bouteflika ont considérablement restreint l’autorité du DRS. Chose étonnante, Tewfik a été démis de ses fonctions, et le DRS a été remplacé par la Direction des Services de Sécurité (DSS). Cependant, l’ampleur du pouvoir détenu par le DRS sous la direction de son nouveau chef, Athmane Tartag, une figure clé du programme anti-insurrectionnel dans les années 1990, demeure obscure.

La confusion, la perception morcelée de qui tient les rênes du pays et la cooptation de partis islamistes modérés, tel que le Mouvement de la Société pour la Paix et, plus récemment, le Tajamou Amal el-Jazaïr, sont devenu·es des outils essentiels au régime pour se maintenir au pouvoir. Mais le retrait de Tewfik a pu s’avérer être une victoire à la Pyrrhus pour Bouteflika, car le ressentiment populaire en Algérie a été presque exclusivement dirigé contre sa coalition dans les années qui ont suivi.

Ce ressentiment a en effet ouvert la voie au soulèvement du Hirak en 2019, qui est parvenu à renverser Bouteflika et son clan. Mais, bien que le Hirak a créé une impulsion propice à un changement radical en Algérie, la dynamique contre-révolutionnaire des deux dernières années a affaibli cette pression en faveur d’un véritable changement politique, et permis le retour d’une élite bipolaire légèrement épurée, aujourd’hui dirigée par le président Abdelmajid Tebboune et le chef des armées Saïd Chengriha.

Si certain·es des allié·es très décrié·es de Bouteflika ont été écarté·es du régime, d’autres au sein du FLN ont réussi à se réaligner avec la puissante armée, après que cette dernière a procédé à une purge dans ses propres rangs. Le parti a même remporté les élections législatives de 2021, pourtant suspectées d’être marquées par la fraude électorale, et contrôle aujourd’hui à nouveau le gouvernement.

En parallèle, l’auto-revendication du FLN de constituer la seule force politique légitime en Algérie, fondée sur le rôle qu’a joué le parti pendant la guerre d’indépendance, a largement perdu ses soutiens au sein d’une société majoritairement jeune. Les récits héroïques de la défaite de l’armée française ne font plus d’effet, alors que le chômage endémique des jeunes et la crise du logement dominent l’actualité nationale. Face à la propagation croissante de la corruption, à l’échec de l’État rentier et du système de protection sociale, le FLN doit à nouveau défendre ses prétentions au pouvoir. Mais, si le Hirak n’a pas été en mesure de faire véritablement obstacle au régime, le FLN n’est quant à lui pas encore parvenu à regagner une quelconque légitimité populaire, et à faire valoir ses prétentions au pouvoir.

 

Photo: Le Collectif des Familles de Disparus en Algérie (CFDA)

 

Le contenu de ce texte n’exprime pas forcément la position de RLS