Le feu a la paille: Le Burkina Faso dans la zone de conflit

février 2019
Recherche par Rahmane Idrissa/ RLS
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Cette étude examine les raisons pour lesquelles le Burkina Faso s’est retrouvé pris dans une situation de violence endémique à partir du milieu des années 2010, en vue de comprendre l’évolution future de la situation et de recommander des actions pour y faire face et prévenir une aggravation de la violence. L’étude soutient que les causes de la situation sont extérieures au Burkina et résident dans une confrontation entre le salafisme militant et la guerre occidentale contre le terrorisme. Mais les raisons de l’enracinement des conflits relèvent d’enjeux structurels liés à la géopolitique interne du Burkina, à son économie politique et à la formation de son État. Pour démontrer ces thèses, l’étude décrit une « zone de conflits » qui est apparue au nord du Mali à la suite de la chute du colonel Kadhafi de Libye, et qui s’est étendue au nord du Burkina quelques années plus tard ; elle analyse la géopolitique interne du pays et la position particulière du nord et de l’est par rapport au centre et à l’ouest – définis comme les deux piliers de l’État ; elle contraste les politiques de développement national sous Thomas Sankara, dans les années 1980, avec les orientations néolibérales suivies sous Blaise Compaoré ; elle montre que ces structures et moments historiques ne sont pas sans avoir eu des effets sur les tensions et conflits du nord et de l’est du pays ; et que, par suite, ces questions ont rendu ces régions propices à l’extension de la zone de conflits. L’étude se conclut par des recommandations d’ordre technique et politique portant d’une part sur une revitalisation de l’État régalien (Justice, Sécurité, Administration), et d’autre part sur le développement d’un nouveau projet de société. Ces recommandations prennent aussi en compte le fait que les violences du Burkina font partie d’une zone de conflits qui, étant, transnationale et internationale, échappe au contexte purement burkinabè.