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Le Défi de l’Eau au Maroc : Une Crise qui s’intensifie

Article par Juma'a Alzahid

 

Le stress hydrique au Maroc a atteint des niveaux alarmants[1], l’eau par habitant s’approchant du seuil de pauvreté en eau fixé au niveau mondial à 500 m3 par an[2]. Cette situation découle du manque de précipitations[3] et de la fréquence des événements climatiques extrêmes, qui ont conduit le pays à se retrouver dans une situation de stress hydrique structurel.

Au cours des trois dernières décennies, le Maroc a observé une diminution de 20 % de ses précipitations, entraînant une baisse significative des niveaux des eaux souterraines et des eaux de surface. Cette réduction a amplifié la pression sur les ressources en eau déjà limitées du pays. En 2022, la disponibilité en eau par habitant était d’environ 600 m³ par an, bien en deçà du seuil mondial de 1 000 m³ par habitant et par an, seuil nécessaire pour éviter le stress hydrique.

Le pays a également été confronté à des inondations fréquentes[4], avec 20 événements majeurs recensés au cours des deux dernières décennies. Ces inondations causent des pertes économiques annuelles estimées à environ 450 millions de dollars[5], touchant particulièrement les foyers vulnérables dans les zones à haut risque. La situation est exacerbée par l’élévation du niveau de la mer, qui intensifie les inondations dans les régions côtières. Ces zones, où vivent plus de 65 % de la population et où se concentrent 90 % des activités industrielles, subissent des impacts économiques et sociaux considérables.

La disponibilité de l’eau dans tous les secteurs économiques du Maroc devrait diminuer de 25 %. Selon la Banque Mondiale et les institutions financières marocaines, cette réduction pourrait entraîner une baisse de 6,5 % du PIB. Une telle contraction économique comporte des risques significatifs d’instabilité macroéconomique et pourrait gravement compromettre la sécurité alimentaire du pays[6].

 

 

Le dessalement : une solution prometteuse mais complexe

 

 

Le dessalement est devenu une solution de plus en plus viable face à la pénurie d’eau, adoptée par de nombreux pays confrontés au stress hydrique. Ce processus consiste à éliminer les sels et minéraux de l’eau de mer pour produire de l’eau potable. Parmi les méthodes les plus courantes figurent l’osmose inverse et les procédés thermiques, comme la distillation par pyrolyse. Les succès enregistrés dans des régions telles que les États du Golfe et l’Espagne démontrent le potentiel de cette technologie pour répondre efficacement aux besoins en eau des populations.

Cependant, l’adoption généralisée du dessalement présente plusieurs défis, notamment une forte consommation d’énergie, des préoccupations environnementales et des investissements financiers conséquents.

Le dessalement peut-il être considéré comme une solution viable et durable pour résoudre la pénurie d’eau au Maroc, compte tenu de son coût élevé et de son impact potentiel sur les écosystèmes marins ?

 

 

Projets de dessalement au Maroc : privatisation de l’eau potable et augmentation des charges financières

 

 

Le gouvernement marocain prévoit d’atteindre une capacité de production de plus de 1 milliard de mètres cubes d’eau dessalée par an d’ici 2030. Ces usines de dessalement devraient devenir une source clé d’approvisionnement en eau pour les zones côtières confrontées à des pénuries chroniques de ressources en eau. L’initiative vise particulièrement les grandes villes, telles que Casablanca, Tanger et El Jadida, afin de garantir un accès stable à l’eau pour leurs populations en croissance. Cependant, la privatisation de l’eau potable et la pression financière que cela pourrait exercer sur les foyers demeurent des préoccupations majeures.

Le gouvernement marocain a alloué 12 milliards de dirhams (environ 1,2 milliard de dollars) à des projets de dessalement. Sur cette somme, 2,35 milliards de dirhams sont destinés à l’irrigation, tandis que 2,06 milliards de dirhams sont consacrés à l’approvisionnement en eau potable[7]. Ces investissements font partie du « Programme National d’Approvisionnement en Eau Potable et d’Irrigation 2020-2027 », dont le budget total s’élève à 115 milliards de dirhams (environ 11 milliards de dollars). Ce programme comprend des initiatives de gestion de l’eau allant au-delà du dessalement, telles que l’amélioration de l’efficacité de l’irrigation et l’élargissement des infrastructures de stockage d’eau.

Parmi les projets phares figure l’usine de dessalement d’Agadir, l’une des plus grandes d’Afrique, qui vise à répondre aux besoins en eau potable et en irrigation de la région[8]. D’autres projets similaires sont également en cours ou prévus dans des villes comme Casablanca, Dakhla et Tiznit[9], illustrant l’engagement croissant du Maroc à adopter cette technologie pour faire face à la pénurie d’eau.

Pour financer ces projets ambitieux, le gouvernement marocain s’appuie sur des prêts d’institutions financières internationales telles que la Banque Mondiale, la Banque Européenne d’Investissement et la Banque Africaine de Développement, en plus de partenariats avec le secteur privé. Par exemple, l’usine de dessalement d’Agadir, dont le coût s’élève à environ 400 millions de dollars, représente un investissement considérable, surtout dans le contexte d’une économie marocaine confrontée à des pressions financières et à des niveaux élevés de dette extérieure.

Le gouvernement privilégie les partenariats public-privé (PPP) pour financer et exploiter ces usines de dessalement. Ces partenariats, qui impliquent des entreprises marocaines et internationales[10], sont souvent structurés sous la forme de contrats « construction-exploitation-transfert » (BOT). Concrètement, une entreprise construit l’usine, l’exploite pendant une période déterminée (généralement de 20 à 30 ans), puis en transfère la pleine propriété à l’État. Les institutions financières internationales, telles que la Banque Mondiale[11], jouent également un rôle clé dans le financement de ces projets, en apportant des prêts et des garanties pour faciliter leur réalisation.

Au cours des dernières années, le Maroc a obtenu entre 200 et 500 millions de dollars de prêts de la part d’institutions donatrices pour financer des projets et infrastructures visant à promouvoir des solutions durables dans le secteur de l’eau. Ces fonds ont notamment été alloués au dessalement, ainsi qu’au développement de réseaux d’approvisionnement en eau et d’assainissement.

Cependant, bien que ces projets soient nombreux, ils génèrent une charge financière importante pour le pays. L’augmentation des coûts de production de l’eau dessalée constitue une contrainte majeure. En effet, le financement par l’endettement accroît cette pression et, in fine, augmente le coût de l’eau pour les citoyens. Le coût de production d’un mètre cube d’eau dessalée peut varier entre 0,50 et 1 dollar, bien au-dessus de celui des sources d’eau traditionnelles[12]. Ce prix élevé pourrait rendre l’eau dessalée inaccessible pour certaines catégories de la population, notamment les plus démunies, exacerbant ainsi l’inégalité d’accès à cette ressource vitale[13].

De plus, les investissements nécessaires à la construction et à l’exploitation de ces infrastructures induisent une pression supplémentaire sur les finances locales et nationales, favorisant ainsi la tendance néolibérale à la réduction des dépenses sociales. En conséquence, les citoyens pourraient se retrouver directement affectés, notamment par une hausse des tarifs de l’eau, afin de couvrir les frais d’exploitation de ces projets.

Face à l’aggravation de la crise de l’eau, de nombreux Marocains recherchent des solutions innovantes. Toutefois, l’acceptation du dessalement par le public reste divisée. Pour certains, il représente une solution incontournable à la pénurie d’eau, tandis que d’autres expriment des préoccupations concernant son coût élevé, ses impacts environnementaux et sociaux, ainsi que la corruption potentielle des entreprises internationales impliquées dans ce secteur[14]. Ces entreprises ont souvent été accusées de manipuler les normes de qualité et d’environnement, voire de recourir à l’influence et aux pots-de-vin pour obtenir des contrats avantageux avec les autorités locales.

Dans plusieurs villes où la gestion de l’eau a été externalisée, les habitants ont protesté contre des factures d’eau élevées, une mauvaise qualité du service, des interruptions fréquentes de l’approvisionnement, ainsi que des problèmes de contamination de l’eau potable par les eaux usées. Des entreprises comme Ridal à Rabat, Amandis à Tanger, et Ledec à Casablanca ont été particulièrement critiquées à cet égard.

En réponse à ces critiques, l’État marocain a entrepris de remplacer les sociétés étrangères responsables de la gestion de l’eau par des entreprises régionales chargées de superviser les services d’eau et d’électricité. Un exemple récent de cette initiative est la résiliation du contrat de Ledec, une filiale de la société française Veolia, qui gérait les services d’eau et d’assainissement à Casablanca.

Cependant, le principal problème demeure que l’État, en cherchant à établir ces sociétés régionales, continue de s’appuyer sur des partenariats public-privé, poursuivant ainsi la politique de privatisation de l’eau. L’eau est alors traitée comme une marchandise, générant des profits pour le secteur privé, plutôt que comme une ressource publique à préserver. Cette tendance rencontre une opposition croissante, comme l’attestent les plaintes répétées des citoyens concernant les tarifs élevés et la qualité médiocre des services. Les manifestations des habitants de Viqueque[15] contre le projet de « sociétés régionales multiservices » illustrent bien cette résistance populaire à la privatisation et à la marchandisation de l’eau.

 

 

Défis énergétiques et menaces environnementales au Maroc : version améliorée

 

 

Les rejets de saumure issus du dessalement de l’eau de mer représentent un enjeu majeur pour les écosystèmes marins et fluviaux. Ces effluents hautement salins augmentent la concentration de sels dans les eaux côtières, perturbant la biodiversité et mettant en péril l’équilibre écologique[16].

Par ailleurs, le dessalement est un processus énergivore, nécessitant des quantités importantes d’électricité, souvent générée à partir de combustibles fossiles. Cela non seulement alourdit les coûts économiques, mais amplifie également les émissions de gaz à effet de serre, contribuant ainsi au réchauffement climatique.

Face à ces défis, il devient crucial d’intégrer des solutions durables, telles que l’utilisation d’énergies renouvelables et la gestion écoresponsable des rejets, pour minimiser l’impact environnemental et garantir une mise en œuvre éthique des projets de dessalement.

Dans le cadre de sa stratégie visant à réduire les coûts énergétiques et à minimiser son empreinte carbone[17], le gouvernement marocain mise sur l’intégration des énergies renouvelables pour alimenter les futures usines de dessalement. Par exemple, l’usine de dessalement d’Agadir bénéficie d’un projet d’énergie éolienne à proximité, qui couvre une partie de ses besoins énergétiques. Cette initiative illustre un engagement concret en faveur des énergies propres et de la diminution de la dépendance au réseau électrique traditionnel.

Par ailleurs, des projets sont en cours pour intégrer l’énergie solaire dans les opérations des prochaines usines, en particulier dans les régions méridionales du pays. Ces zones, riches en rayonnement solaire tout au long de l’année, offrent un potentiel considérable pour exploiter cette ressource naturelle.

Le dessalement représente une solution clé pour réduire la dépendance aux précipitations et garantir un approvisionnement régulier en eau dans les zones arides. Toutefois, pour maximiser son efficacité et sa rentabilité, il est crucial de développer des solutions innovantes permettant une utilisation optimale des énergies renouvelables dans ce processus.

 

 

Impacts écologiques et économiques du dessalement

 

 

Bien que le dessalement constitue une solution précieuse pour répondre à la pénurie d’eau, il soulève des préoccupations majeures sur les plans écologique, économique et social, qui méritent une analyse approfondie. Même avec l’utilisation d’énergies renouvelables, le dessalement reste une activité énergivore, en particulier lorsqu’il repose sur la technologie de l’osmose inverse. Ce procédé exige une pression élevée pour traiter l’eau, nécessitant des quantités substantielles d’énergie pour garantir un fonctionnement continu des installations.

Cette demande énergétique importante suscite des interrogations quant à la pertinence de ces investissements par rapport à d’autres initiatives durables. Par exemple, des solutions telles que l’irrigation agricole économe en eau ou la gestion efficace des ressources hydriques existantes pourraient offrir des alternatives plus rentables et respectueuses de l’environnement. Pour une adoption équilibrée du dessalement, il est essentiel de concilier les avantages qu’il procure avec les impératifs d’une utilisation responsable des ressources énergétiques et hydriques.

Bien que le recours aux énergies renouvelables pour alimenter les usines de dessalement semble offrir une alternative durable, il reste controversé d’un point de vue environnemental pour plusieurs raisons[18], même en intégrant des sources d’énergie propres.

Tout d’abord, le dessalement génère de grandes quantités d’eaux usées salines, chargées de sels et de produits chimiques de traitement. Lorsqu’elles sont rejetées en mer, ces eaux contaminent les écosystèmes marins en augmentant la salinité autour des zones de déversement, ce qui menace la biodiversité, notamment les récifs coralliens, les poissons et d’autres organismes marins[19]. Ensuite, l’exploitation des usines de dessalement peut perturber les communautés côtières, avec des risques de déplacements forcés des populations locales et de bouleversements des modes de vie traditionnels. Par ailleurs, les sous-produits chimiques issus du processus de dessalement présentent des dangers pour la santé humaine, exposant à la fois les travailleurs des usines et les habitants des zones environnantes à des risques sanitaires considérables[20].

 

 

L’efficacité des projets de dessalement pour l’irrigation au Maroc

 

 

La politique agricole du Maroc a privilégié le développement d’une agriculture axée sur l’exportation, notamment de cultures à forte consommation d’eau. Toutefois, cette approche n’a pas suffisamment pris en compte les ressources en eau limitées du pays, créant un déséquilibre significatif. L’allocation excessive d’eau à ces cultures a contribué à une pression croissante sur les ressources en eau nationales.

Des initiatives ont été lancées pour atténuer ces impacts, telles que la promotion de l’irrigation goutte à goutte et des aides financières pour les agriculteurs, principalement ceux ayant surexploité les nappes phréatiques. Cependant, les politiques gouvernementales, notamment le Plan Maroc Vert, ont peiné à imposer des régulations strictes concernant les pratiques agricoles intensives en eau. Un exemple marquant est la culture de plantes mal adaptées au climat aride du pays, comme les fruits tropicaux, dans des régions déjà confrontées à une grave pénurie d’eau, à l’instar de la production de pastèques dans les zones méridionales. Ces pratiques ont aggravé la pression sur les ressources en eau, mettant en lumière la nécessité d’une révision des priorités agricoles en faveur de pratiques plus durables.

Najib Aksabi[21] met en lumière les impacts des politiques agricoles du Maroc sur l’environnement et les ressources en eau, soulignant l’interdépendance entre gestion agricole et gestion hydrique. Il pose une question fondamentale : “Quelle politique de l’eau pour toute politique agricole ?”

Selon Aksabi, le Plan Maroc Vert s’est basé sur une incitation à la grande agriculture et sur le subventionnement de cultures destinées à l’exportation, lesquelles sont à la fois intensives en eau et néfastes pour la qualité des sols[22]. Ces cultures, bien qu’elles promettent des produits à haute valeur ajoutée générateurs de devises, s’appuient sur des subventions importantes – atteignant parfois 100 % des coûts. Cela incite les agriculteurs et investisseurs à privilégier ces productions, souvent au détriment de l’écosystème et des ressources hydriques locales.

Il critique également le fait que cette politique, loin d’atteindre ses objectifs initiaux, contribue à l’épuisement des nappes phréatiques, aggravant les pressions déjà existantes sur les ressources en eau du pays[23].

 

Des alternatives réalistes et durables

 

Le dessalement, bien qu’il puisse répondre à des besoins ponctuels, ne constitue pas une solution durable à long terme pour le Maroc, en raison de ses coûts élevés sur les plans social, économique et environnemental. Les charges opérationnelles importantes des usines de dessalement, combinées à la difficulté pour le pays de les réduire de manière significative, limitent leur viabilité.

Des alternatives durables devraient plutôt s’articuler autour de la préservation de l’eau en tant que bien commun, en s’éloignant du modèle de marchandisation de cette ressource essentielle. Ces solutions incluent l’adoption de pratiques de gestion plus transparentes et démocratiques, garantissant une gouvernance de l’eau équitable et sous le contrôle direct des citoyens. Cela permettrait de promouvoir une utilisation responsable et solidaire de cette ressource précieuse, tout en protégeant les écosystèmes et en répondant aux besoins des générations actuelles et futures.

Actuellement, l’agriculture et l’industrie absorbent environ 90 % des ressources en eau du Maroc[24], laissant des réserves limitées pour d’autres usages essentiels, notamment l’approvisionnement en eau potable. Najib Aksabi, économiste spécialisé dans ce domaine, souligne l’impact démesuré de certaines cultures en termes de consommation d’eau :« Tout produit, qu’il s’agisse de tomates, d’avocats, de melons rouges ou de fraises, consomme des quantités déraisonnables d’eau. Un simple calcul montre que la consommation d’eau d’un seul hectare de ces cultures équivaut aux besoins de toute une ville. Par exemple, les 15 000 hectares de melons rouges cultivés à Zagora utilisent près de dix fois l’eau nécessaire à la ville entière de Zagora. »[25]

Cette situation met en évidence l’urgence de réexaminer les priorités agricoles et les stratégies d’allocation de l’eau au Maroc pour répondre aux besoins vitaux tout en préservant les ressources hydriques.

Pour faire face à la crise de l’eau et à la raréfaction des ressources agricoles, il est crucial d’instaurer une réforme agraire populaire visant à démanteler la mainmise des grandes entreprises capitalistes – locales et étrangères – sur l’eau, les semences et les terres.

Cette réforme doit placer les petits agriculteurs au cœur des priorités en leur garantissant un accès équitable aux ressources productives essentielles, notamment l’eau et les terres. En soutenant les droits des communautés locales qui cultivent ces terres depuis des générations, une telle politique permettrait de promouvoir un développement agricole durable, résilient et inclusif. En outre, cette approche pourrait renforcer la souveraineté alimentaire et protéger les ressources naturelles tout en préservant les pratiques agricoles traditionnelles adaptées aux spécificités des écosystèmes locaux.

Une conservation efficace des ressources en eau nécessite une approche intégrée et stratégique. Cela inclut l’amélioration des techniques d’irrigation, la réutilisation des eaux usées et la régulation des pratiques d’extraction. Ces mesures visent à maximiser l’efficacité de l’utilisation de l’eau et à réduire le stress hydrique croissant.

Il est indispensable d’investir dans des infrastructures hydriques modernes et performantes. Cela passe par la création de nouveaux systèmes et par la rénovation des installations vieillissantes, afin d’optimiser leur efficacité. Par ailleurs, il est tout aussi crucial de limiter les pertes d’eau, qu’elles proviennent des fuites dans les réseaux de distribution, des méthodes agricoles inadaptées ou de l’absence de politiques de conservation adaptées.

Une autre stratégie clé consiste à stocker l’eau excédentaire durant les années humides pour la mobiliser en périodes de sécheresse. Cela renforcerait la résilience des systèmes hydriques face aux fluctuations climatiques. Enfin, réduire les volumes d’eau perdus dans la mer représente une opportunité importante pour répondre aux besoins des régions les plus vulnérables, notamment en optimisant la capture et l’utilisation de cette ressource précieuse.

Une solution prometteuse pour répondre aux défis hydriques du Maroc est l’interconnexion des bassins hydrographiques, une approche moins coûteuse que le dessalement et particulièrement adaptée aux zones densément peuplées. La région de Casablanca-Rabat, qui subit un déficit hydrique chronique, pourrait bénéficier de cette méthode pour sécuriser son approvisionnement en eau. De plus, cette interconnexion permettrait de remédier aux pénuries d’eau destinées à l’irrigation dans des régions agricoles importantes comme Doukkala, en assurant un apport suffisant pour répondre aux besoins croissants du secteur. En parallèle, cette stratégie contribuerait à soulager la pression sur des aquifères côtiers surexploités, notamment ceux s’étendant de Rabat à Safi, ainsi que sur l’aquifère de Berrechid. Elle offrirait ainsi une solution équilibrée qui combine exploitation raisonnée des ressources hydriques et leur préservation sur le long terme.

Ces initiatives témoignent d’un engagement ferme à préserver l’eau en tant que bien public, accessible à tous, et à lutter contre sa marchandisation. Il s’agit de freiner son épuisement et son exploitation, tout en évitant qu’elle devienne un instrument d’accumulation de richesse pour une élite minoritaire ayant historiquement profité de telles pratiques. Pour relever ce défi, il est impératif de rejeter le modèle actuel, qui favorise l’exploitation des ressources au profit des puissants, au détriment des populations les plus vulnérables. À la place, une gestion équitable et démocratique de l’eau et des ressources alimentaires doit être promue, en plaidant pour la souveraineté populaire sur ces biens essentiels. La concrétisation de cette vision nécessite des investissements substantiels pour soutenir l’élaboration de politiques équitables et durables. Ces politiques doivent garantir une répartition juste des ressources, tout en protégeant les droits des générations présentes et futures d’accéder à ces ressources vitales.

 

 

 

 

[1] الجفاف ومعضلة الإجهاد المائي بالمغرب – أطاك المغرب

 

[2] Selon la Banque Mondiale, la consommation d’eau annuelle par habitant au Maroc devrait atteindre 500 mètres cubes en 2024

[3] Selon le Conseil National des Droits de l’Homme (Rapport 2022), les précipitations au Maroc ont diminué de 47%. Avec un déficit net de 85% en 2022, les autorités ont déclaré une urgence hydrique.

[4] https://ar.yabiladi.com/articles/details/153923/

[5] https://al3omk.com/795833.html

[6]  https://snrtnews.com/article/48829 et https://www.hespress.com/ مقال يتناول الإجهاد المائي

 

[7] مجتمع : محطة تحلية مياه البحر باشتوكة تشرع في تزويد أكادير الكبير بالماء الشروب

 

[8] محطة تحلية مياه البحر باشتوكةأيت باها، مشروع بديل لسد العجز المائي بسوس ماسة | Maroc.ma

 

[9]

Les stations de Dakhla et de Tiznit devraient être mises en ligne respectivement en 2025 et 2027, voir https://tiznit24.com/?p=176655  et https://ar.le360.ma/economie/7RURHCXEDBDP7G6JCSU5GQT3EI/

[10] Entreprises Marocaines : Office Chérifien des Phosphates, Office Nationale de l’Electricité et de l’Eau Potable (ONEE) Entreprises étrangères : Abengoa d’Espagne/SUEZ de France/IDE Technologies d’Israël

[11] La Banque Mondiale a alloué environ 350 millions de dollars pour soutenir le projet d’approvisionnement en eau, dont une partie est destinée au dessalement et au renforcement des infrastructures du secteur de l’eau. La Banque Européenne d’Investissement (BEI) a accordé des prêts pour un montant de 200 millions d’euros (environ 220 millions de dollars) en faveur des infrastructures hydrauliques et du dessalement au Maroc. La Banque Africaine de développement a fourni un financement d’environ 120 millions de dollars, en se concentrant sur des projets liés à l’eau dans les régions du sud du Maroc. Il y a un financement supplémentaire des agences européennes de développement, telles que l’Agence Française de Développement (AFD), qui a fourni des prêts et des subventions d’environ 100 millions de dollars. D’autres institutions comme le Fonds Vert pour le climat (FVC) fournissent un financement concessionnel pour des projets de dessalement et d’énergie renouvelable.

[12] ترجمة جديدة: عطش المجتمعات المحلية واستحواذ الصناعة الغذائية على الماء – شبكة سيادة

 

[13] سلعنة الماء في تونس: العطش والأرباح – شبكة سيادة

[14] Des ONG dénoncent le ‘greenwashing’ de Veolia – Observatoire des multinationales

[15] فجيج – ويكيبيديا

[16] http://afedmag.com/web/ala3dadAlSabiaSections-details.aspx?id=367&issue=&type=4&cat=12

[17] تقرير المناخ والتنمية في المغرب Selon la Banque Mondiale, l’investissement total nécessaire pour mettre le Maroc sur une voie à faible émission de carbone et résiliente d’ici 2020 sera d’environ 78 milliards de dollars actuels

[18] https://multinationales.org/fr/actualites/des-ong-denoncent-le-greenwashing-de-veolia Veolia va construire la plus grande station d’Afrique à Casablanca, et ses filiales, comme Amandis, vont opérer des services dans plusieurs villes marocaines

[19] https://assahraa.ma/web/2022/166915

[20] https://www.lemonde.fr/planete/article/2016/06/23/veolia-poursuivi-par-la-justice-americaine-dans-le-scandale-de-l-empoisonnement-de-l-eau-de-flint_4956180_3244.html

[21] جيب أقصبي – ويكيبيديا

[22]www.siyada.org/akesbi دراسات-واصدارات/رهان-السيادة-الغذائية/

[23] https://anfaspress.com/news/voir/130551-2024-03-11-10-12-52

[24] أقصبي: هذه اختيارات فلاحية وراء استنزاف الموارد المائية في المغرب La Banque Mondiale reconnaît l’importance cruciale de l’irrigation dans le Maroc où l’eau est rare, en déclarant : « Au Maroc où l’eau est rare, l’irrigation joue un rôle économique et social clé, stimulant la productivité du secteur agricole et augmentant les revenus des populations rurales. Bien que l’irrigation ne soit pratiquée que sur 16 % des terres agricoles du Royaume, elle contribue à la moitié du PIB agricole et à 75 % des exportations agricoles. Cependant, la pénurie d’eau, exacerbée par le changement climatique, est un défi croissant pour les agriculteurs. » تثمين المقومات الفلاحية للمغرب

Dans son rapport annuel 2019-2020, le Conseil Supérieur des Comptes a noté : “Les ressources en eau du Maroc sont estimées à 22 milliards de mètres cubes par an, plaçant le pays parmi les vingt nations les plus soumises aux contraintes hydriques au niveau mondial. Ces ressources sont principalement affectées à l’irrigation (environ 88 %), le reste étant utilisé pour l’approvisionnement en eau potable et pour répondre aux besoins d’autres secteurs économiques (environ 12 %). » . خلاصة-التقرير-السنوي-2019-2020.pdf

Voir aussi : https://marayana.com/laune/2019/02/28/5945/ “Selon l’OCP, le secteur agricole est le plus grand consommateur d’eau au Maroc, représentant 90 % de la consommation totale, tandis que l’utilisation domestique constitue 9 % et les activités industrielles représentent 1 %. » L’étude de l’OCP recommande que le Maroc alloue entre 9 et 15 % de ses investissements à l’adaptation au changement climatique, estimant qu’en 2050, la population du Royaume atteindra 42 millions de personnes, principalement concentrées dans les villes côtières. Cela souligne la nécessité de développer des usines de dessalement d’eau de mer.

[25] Sans titre : Ce sont les chiffres de l’exportation d’eau par fruits et légumes au plus fort de la crise de la sécheresse au Maroc