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La guerre en Ukraine partage l’Afrique

Article par Akram Kharief

 

Après deux mois d’essais non-concluents, le Président ukrainien Volodomyr Zelynsky a réussi le 20 juin à s’adresser aux représentants africains lors d’une réunion à huis-clos de l’Union Africaine à Addis-Abeba.[1] Depuis l’indépendance de l’Ukraine en 1991, Kiev n’a jamais montré d’intérêt politique ni même économique envers l’Afrique. L’Ukraine a vu le continent comme un potentiel acheteur d’armes et de grains- lors des trois votes aux Nations Unies de résolutions, condamnant l’invasion ou sanctionnant la Russie, les pays africains ont étonné par détermination à prouver que la question de la guerre en Ukraine ne faisait pas l’unanimité parmi eux. Lors de la première résolution sanctionnant la Russie, le 2 mars, même si 27 pays africains ont voté pour les sanctions, sur les 54, la moitié des pays n’ayant pas condamné la Russie ont été africains, 66% de ceux qui n’ont pas assisté au vote l’ont aussi été. Ces statistiques ont peu changé lors du second vote, le 7 avril, mais se sont largement aggravés lors de celui demandant l’exclusion de la Russie de la commission de l’ONU pour les droits de l’homme, où le nombre de pays africains voyant non est passé de 1 à 9 (44% des non proviennent d’Afrique), 44% des pays africains se sont abstenus et 11 n’ont pas participés.

Cette façon de s’exprimer des pays africains s’est faite ressentir lors du discours de Zelensky à l’UA. Seuls quatre présidents africains ont écouté le discours du président ukrainien, parmi eux, Macky Sall du Sénégal qui revenait d’un entretien avec le Président Poutine à Sotchi. Pour le Président du Sénégal, dont le pays assure la présidence de l’UA, la question centrale pour l’Afrique reste le risque pénurie alimentaire. De son entrevue avec son homologue russe, Macky Sall s’était dit rassuré et très heureux des échanges qu’il a eus avec lui. “Je suis venu vous voir, pour demander de prendre conscience que nos pays, même s’ils sont éloignés du théâtre, sont des victimes de cette crise, au plan économique”, a-t-il déclaré au début de cette rencontre. Le président russe a quant-à-lui évoqué “plusieurs moyens de faciliter l’exportation” des tonnes de céréales et d’engrais destinés au continent bloqués en Ukraine depuis le début de l’offensive russe.[2]

Cette rencontre a fini par lourdement influer sur les commentaires des participants au discours de Zelensky, car lors de la cession questions-réponses, le président sénégalais a rappelé à son homologue ukrainien la nécessité de déminer le port d’Odessa et d’aller vers des négociations avec les russes pour prévenir le désastre alimentaire qui pourrait sur venir en Afrique les prochains mois.[3]

Depuis le début de l’invasion Russe de l’Ukraine, le récit s’est articulé essentiellement sur le rôle de l’OTAN, celui de la Russie et des pays voisins de l’Ukraine. Pourtant, dès le départ et même avant, ce conflit avait une relation avec certains pays africains, l’Afrique n’ayant, de manière générale, pas suivi l’appel à un alignement aveugle sur les positions occidentales.

Les mercenaires « Slaves » connus en Afrique

Il est évident que la Russie s’inscrit dans une stratégie à long terme en Afrique. Fournisseur d’armes historique pour le continent, Moscou est littéralement « Boots on the ground » en Afrique depuis 2015 et enregistre une extension fulgurante de ses activités ces dernières années. On le sait moins mais l’Ukraine a aussi une forte présence dans le continent noir, y compris dans le domaine de la sécurité privée. Car oui, il n’y a pas que Wagner Group sur le marché africain. Une société militaire privée ukrainienne a longtemps opéré sur les théâtres africains dans le cadre de la lutte contre les différentes insurrections, islamistes ou pas, en Afrique de l’Ouest. Omega Consulting Group, créé fin 2011, a été la pionnière des entreprises militaires ukrainiennes sur le continent africain. Elle s’est fait connaitre au publique en lançant, vers 2017, une grande campagne de recrutement d’opérateurs francophones pour ses activités au Burkina-Faso. OCG active dans une dizaine de pays africains et a une empreinte au Maroc, en Tunisie et en Egypte.[4]  En 2014, des personnels d’OCG avaient participé à l’évacuation urgente de hauts fonctionnaires de l’administration des régions autonomes de Crimée et du Donbass. [5]

L’Afrique est aussi le paradis des pilotes de chasse ukrainiens. Au Tchad par exemple, une petite équipe de pilotes de bombardiers légers Su-25 constitue la colonne vertébrale de l’armée de l’air tchadienne. Ils ont joué un rôle déterminant dans le sauvetage du régime d’Idriss, puis de Mahamat Déby en 2021 lors que l’offensive de la rébellion des FACT sur N’Djamena.

Bien avant, en 2004, ce sont principalement des pilotes ukrainiens, mais aussi biélorusses et russes qui appuyaient les forces gouvernementales du Président Laurent Gbagbo en pilotant des bombardiers Su-25 et en assurant la maintenance, l’approvisionnement en armes et en pièces détachées. Ce sont eux qui, le 6 novembre 2004, avaient bombardé la base militaire française de l’opération Licrone à Bouaké en Côte d’Ivoire. En représailles, la France jugera deux pilotes biélorusses et deux officiers d’armements ivoiriens pour ce qui a été présenté par Paris comme état un crime.

Les appareils d’Ukrainian Helicopters, écument les pistes de décollages en Afrique depuis 2006. Plus portée sur l’humanitaire et les missions internationale, la société de logistique militaire[6] n’a quitté l’Afrique que le 31 mai 2022, soit trois mois après le début de la guerre en Ukraine.[7] Ce sont pas moins de six hélicoptères Mi-171 qui les ukrainiens ont retiré de l’effectif de la Mission internationale des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA).

Le 9 mars, Kiev a aussi demandé le rapatriement du petit contingent militaire de 250 hommes qu’elle déploie en République Démocratique du Congo dans le cadre de la Monusco. Autre grande entreprise ukrainienne spécialisée dans la maintenance et la fourniture de pièces détachées aux armées africaines, Motor Sich, qui fabrique les turbines de la majorité des hélicoptères soviétiques, se retrouve en grosse difficulté en Afrique. Cette compagnie a assuré la vente de bombardiers légers Su-25 à l’armée de l’air du Niger en 2021.

Le bombardement par l’armée russe de l’appareil industriel militaire ukrainien a porté un coup dur aux réseaux logistiques en Afrique et a accéléré le départ des « coopérants » vers leur pays.

Le 2 mars 2022, la police française intercepte un bus en partance pour l’Ukraine, à son bord 14 légionnaires, dont des déserteurs, d’origine ukrainienne, en leur compagnie un groupe de techniciens et ingénieurs revenant d’Afrique.[8]

 

Des armes africaines dans le conflit ukrainien

L’autre rapport entre l’Afrique et le conflit en Ukraine est l’apparition d’armes produites sur le Continent noir chez les deux armées. En achevant leur retrait du Kazakhtan le 19 janvier 2022, les parachutistes et forces spéciales russes, qui avaient restauré l’ordre dans l’ancienne république soviétique, sont rentrés avec quelques unités du véhicule blindé kazakhe Arlan, qui est en réalité une fabrication sous licence locale du blindé sud-africain Marauder, construit par Paramount Group. Aucune information n’a donnée par l’armée russe à ce sujet mais plusieurs véhicules ont été utilisés par les forces tchétchènes engagées sous la bannière de la Rosgvardia lors des batailles de Mariupol, entre mars et mai.

Le Marauder est ce qui est appelé dans le jargon militaire un MRAP (Mine resistant, Ambush protected), un véhicule de transport de troupes tout-terrain, à quatre ou six roues motrices, très lourdement blindé et très mobile, il met en avant la protection des soldats transportés contre les explosions et les tirs. Ce type de véhicules a été inventé en Afrique du Sud lors des guerres du Bush et des frontières entre les années 70 et 80. Il a connu une plus grande adoption comme concept lors des « guerres contre le terrorisme » de l’armée des Etats-Unis dans le Moyen-Orient dans les années 2000.

Le concept sera même utilisé par l’armée Russe à partir de 2010 pour ses opérations anti-terroristes et ses troupes régulières avec des fabricants locaux comme Kamaz, Remdizel, Ural et VPK. Ce qui indiquait une évolution de la doctrine russe de l’emploi immodéré de troupes non, ou peu protégées, à un souci absolu de la protection des soldats et officiers en opérations. De l’autre côté, l’industrie militaire ukrainienne s’était lourdement investie dans le développement de ce type de véhicules à travers les sociétés Practica, Brontekhnika et Avtokraz.

Mais fin mai 2022 on a vu l’apparition de MRAP sud-africains Mamba Mk2 dans les rangs de l’armée ukrainienne. Il s’agit d’une aide militaire apportée par l’armée estonienne à l’Ukraine. Ils sont apparu en juin aux mains du bataillon Kraken, une formation paramilitaire similaire aux régiments Azov.[9] Certains ont été détruits ou capturés par les russes la mi-juin lors des batailles autour de Kharkiv.[10]

Chez les forces spéciales russes et ukrainiennes on a adopté un fusil de précision sud-africain pour les missions spéciales, le Truvelo CMS, qui est utilisé pour le tir anti matériel et l’élimination de cibles à longues distances.[11] La collaboration entre l’Afrique du Sud et l’Ukraine dans le domaine de l’armement remonte à beaucoup plus longtemps que cette guerre. Les missiles anti-chars ukrainiens, Stugna P, qui ont connu un grand succès aux mains de leurs forces armées lors des batailles de Kiev et de Kharkiv ont un ADN Sud-Africain. Ce missile développé par Luch Design Bureau à Kiev, avait bénéficié au début des années 2000 d’un financement français et d’un apport technologique de sociétés sud-africaines comme Denel ou ATE.

La vision à l’époque était de créer un missile anti-char à guidage laser pour les armées occidentales produit à bas prix sur la base de la technologie des missiles Ingwe ou Mokopa. Ce projet donnera lieu à la conception du missile ukrainien RK-2 Barrier (ou BER-ER V) qui équipera les hélicoptères azéris modifiés par les sud-africains d’ATE. Le RK-2 Barrier donnera par la suite les missiles Skif et Stugna P, utilisés actuellement par l’armée ukrainienne.

Les difficultés financières des entreprises de défense sud-africaine vers 2010, ont grandement bénéficié à l’Ukraine dont le secteur de l’armement connaissait un grand boom. Incapables d’assurer la maintenance de la flotte d’hélicoptères d’attaques Mi-24 algériens et azéris, la société ukrainienne Aviakon (anciennement Konotop repair plant) a repris les technologies et les ingénieurs africains qui ont travaillé sur le projet et l’ont poursuivi jusqu’à nos jours.[12] Plusieurs observateurs ont rapporté au mois d’Avril que des négociations avaient lieu entre l’Egypte et les USA pour la fourniture de nombreux équipements d’origine russe récemment importés par l’armée égyptienne, au profit de l’Ukraine. L’auteur militaire Tom Cooper, ainsi que plusieurs autres sources ont évoqué une demande officielle des Etats-Unis de livrer ses 50 chasseurs Mig-29 à l’Ukraine, en contrepartie d’aides financières et militaires diverses. [13][14] L’Egypte étant plus que ravie d’échanger ces appareils contre des F-16 américains. L’armée égyptienne n’a jamais confirmé ou nié cette information et après 120 jours de guerre en Ukraine, aucun Mig-29 M2, semblables à ceux de l’Egypte, n’a été vu.

 

Les USA étendent leur surveillance à l’Afrique

Les USA utilisent une arme redoutable dans leur catalogue pour obliger certains pays, dont certains en Afrique du Nord, à coopérer, il s’agit d’une série de sanctions pour contre les Etats ayant acheté des armes à la Russie. Le Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act (CAATSA) qui est une loi du Congrés américain qui renforce les sanctions déjà existantes contre l’Iran, la Corée du Nord et la Russie et qui s’applique aux personnes physiques ou aux entreprises et institutions qui utilisent le dollar dans leurs transactions avec les pays incriminés. Cette loi a été signée le 2 août 2017 par le président Donald Trump, mais elle date de la fin de la période Obama. Sa base légale remonte aux mesures du Countering Russian Influence in Europe and Eurasia Act, présenté par le sénateur démocrate Ben Cardin en mai 2017. [15]

Ces sanctions qui ont déjà été appliqués à la Chine et à la Turquie après les achats d’équipements militaires russes, consistent dans le gel des avoirs des entités et personnes sanctionnées et une interdiction d’exportation d’équipements militaires américains et de coopération entre les Etats-Unis et le pays ciblé. L’aide militaire américaine à l’Egypte représente 1.3 milliards de dollars par an, soit une contribution de 12% de son budget de la défense, l’armée marocaine a quant-à-elle reçu pour l’équivalent de cinq milliards de surplus militaire américain ces dix dernières années, faisant d’elle le second plus grand bénéficiaire d’aides de ce type dans le monde.[16] De tous les pays d’Afrique du Nord, l’Algérie est celui qui importe le plus d’équipements militaires russes et qui serait le plus exposé aux sanctions CAATSA. Peu de choix s’offrent à Alger : abandonner ce partenariat de soixante ans, faire profil bas, augmenter ses efforts de diversification pour ses approvisionnements militaires et lever le pied sur ses achats de Russie pendant la durée de cette crise ou enfin faire fi des menaces américaines et se contenter de ne pas utiliser le dollar comme monnaie d’échanges avec Moscou. Les positions pro-russes d’Alger depuis le début de la crise tendent à conforter l’idée que c’est la dernière option qui sera choisie.

 

Des africains face à l’horreur de la guerre

Dès le 24 février, date du début de l’invasion russe de l’Ukraine, des milliers d’africains ont été directement exposés aux risques de bombardements. La communauté africaine d’Ukraine est constituée essentiellement d’étudiants se trouvant principalement à Kharkiv et Kiev, donc en pleine enveloppe opérationnelle russe. Le 26 février, à peine deux jours après le début de la guerre un jeune Algérien, Mohamed Talbi Abdelmonem[17], étudiant en aéronautique de 24 ans, est mort dans les combats à Kharkiv où il faisait ses études. Cet évènement avait plongé l’Algérie dans l’émoi et accéléré le rapatriement des 10 000 algériens[18] se trouvant en Ukraine. Les autres pays d’Afrique du Nord suivent l’exemple algérien et rapatrient leurs ressortissants, 12000 marocains[19], 6000 égyptiens[20] et 1500 tunisiens[21] prennent le difficile chemin du retour vers leurs pays. En compagnie de milliers d’africains, ils essayent de rejoindre, la Pologne, la Hongrie ou la Roumanie, beaucoup d’entre eux vont vivre un enfer et se plaindront de brimades des autorités et de la population ukrainienne et de la ségrégation dans l’aide humanitaire qu’ils ont subi.[22] [23][24]

Moins d’une semaine après le début de la guerre, le Ministre Ukrainien des Affaires étrangères, Dmitro Kuleba lance un appel au volontariat dans l’armée ukrainienne à l’adresse de la communauté internationale et instruit les ambassades ukrainiennes dans le monde de le relayer localement. En parallèle un package avantageux, comprenant la nationalité et un salaire, était proposé aux étrangers se trouvant en Ukraine. Très peu d’africains ont répondu à cet appel, au moins deux algériens, un ancien étudiant en situation irrégulière en Ukraine et un second ayant rejoint une brigade musulmane de Tatars de Crimée[25], ont été recensés parmi les volontaires. Le monde a par la suite découvert le sort du jeune marocain Brahim Saadoune, ancien étudiant en techniques spatiales à Kharkiv et volontaire dans l’armée ukrainienne, qui fut capturé les armes à la main à Marioupol, dans le Donbass, puis condamné à mort le 9 juin par un tribunal militaire de la république (autoproclamée) Populaire de Donesk.

L’appel des autorités ukrainiennes à prendre les armes dans le cadre d’un volontariat international a provoqué la colère de plusieurs gouvernements africains dont l’Algérie et le Sénégal qui interdisent le mercenariat et qui ont enjoint les ambassades ukrainiennes dans leurs capitales respectives à retirer cet appel et à cesser toute procédure de recrutement. 36 volontaires sénégalais s’étaient inscrits pour aller se battre contre la Russie.[26][27]

Selon le Ministère de la Défense Russe, qui a publié des statistiques sur les combattants étrangers engagés dans le conflit du côté ukrainien, 198 africains ont combattu en Ukraine, 61 ont été tués et 62 sont reparti dans leur pays. Le plus gros contingent serait nigérien avec 85 engagés volontaires, suivi par les algériens avec 51 et les sud-africains avec 25. Aujourd’hui, il ne resterait que 75 combattants africains en Ukraine, constitués en majorité d’algériens.

 

Quel impact pour le conflit ?

Après l’annonce, le 14 juillet de la levée des sanctions du Département américain du Trésor, sur les exportations russes de grains, de nourriture, d’engrais et de médicaments et l’évacuation par les russes de Snake Island au large d’Odessa, le spectre de la famine causée par une suspension des exportations de céréales vers l’Afrique. Néanmoins, l’effet de la guerre sur le prix de l’énergie, des matières premières et des produits agricoles, aura un impact très important sur les économies africaines déjà fragilisées. Le ralentissement économique que connaissent les pays occidentaux pourrait aussi influer sur les exportations africaines de matières premières et de biens de consommation de base.

En outre certaines armées africaines pourraient avoir des difficultés à s’approvisionner en armes et munitions, la Russie étant sous sanctions et l’appareil de production militaire ukrainien étant partiellement détruit et totalement orienté, pour ce qu’il en reste, à l’effort de guerre. Cela pourrait être une opportunité pour les groupes armés non gouvernementaux à accentuer leur présence et leurs pressions sur les pays à risques et ajouter à la déstabilisation que connait le continent. La crise risque de profiter plus à la Chine qui offre de nombreuses alternatives à la Russie et qui est déjà massivement présente en Afrique.

 

 

 

 

[1] https://www.courrierinternational.com/article/diplomatie-devant-l-union-africaine-volodymyr-zelensky-peine-a-convaincre

[2] https://information.tv5monde.com/afrique/crise-alimentaire-le-president-senegalais-macky-sall-critique-les-sanctions-contre-la-russie

[3] https://afrimag.net/cereales-ukrainiennes-macky-sall-appelle-au-deminage-rapide-du-port-dodessa/

 

[4] https://www.greydynamics.com/mercenaries-the-omega-consulting-group/

[5] The Ukrainian experience of usine private military campaigns, Konstantin P.Kurylev, Natalia V.Ivkina, RUDN university Moscow.

[6] https://ukrcopter.com/en/map

[7] https://www.africaintelligence.fr/afrique-ouest-et-centrale_diplomatie/2022/05/31/kiev-rapatrie-ses-helicopteres-au-grand-dam-de-la-minusma,109788038-art

[8] Conseillers militaires ukrainiens en Afrique : le grand rapatriement in Africa Intelligence 11/03/2022

[9] https://www.iol.co.za/sundayindependent/news/africa/questions-over-use-of-sa-mamba-in-ukraine-conflict-425583e0-fc41-45e3-a993-94cbfc7247f2

[10] https://twitter.com/zloneversleep/status/1537402917627518976

[11] https://navyseals.com/5283/weapons-of-the-russian-special-forces/

[12] https://www.africandefence.net/has-nigeria-acquired-superhinds/

[13] https://www.globaldefensecorp.com/2022/05/04/u-s-asked-egypt-to-supply-46-mig-29m2-to-ukraine-in-return-of-f-15/

[14] https://www.infobae.com/en/2022/04/13/russia-is-receiving-weapons-from-iran-and-egypt-will-deliver-fighter-bombers-to-ukraine/

[15] https://www.state.gov/section-231-of-the-countering-americas-adversaries-through-sanctions-act-of-2017/

 

[16] https://www.middleeasteye.net/fr/decryptages/pour-equiper-et-moderniser-son-armee-le-maroc-mise-sur-la-generosite-americaine

[17] https://www.aps.dz/algerie/136257-deces-de-talbi-mohamed-abdel-moneim-en-ukraine-condoleances-du-president-tebboune

[18] https://www.aa.com.tr/fr/afrique/conflit-en-ukraine-l-ambassade-d-alg%C3%A9rie-%C3%A0-kiev-suspend-ses-services-en-raison-de-la-situation-s%C3%A9curitaire/2525125

[19] https://www.rtbf.be/article/guerre-en-ukraine-ces-etudiants-de-retour-au-maroc-reprochent-a-lukraine-davoir-complique-leur-evacuation-10947404

[20] https://dailynewsegypt.com/2022/03/08/6000-egyptian-stranded-in-ukraine-most-of-them-young-people-expatriate-affairs-minister/

[21] https://inkyfada.com/fr/2022/03/03/tunisie-ukraine-russie-guerre-etudiants-refugies/

[22] https://www.afriquevision.info/france-lenfer-des-etudiants-africains-qui-ont-fui-la-guerre-dukraine/

[23] https://information.tv5monde.com/info/ukraine-les-etudiants-africains-qui-ont-fui-la-guerre-exclus-de-la-protection-francaise-450666?xtor=SEC-7-GOO-[INFO_SE]-[119843614474]-S-[]&gclid=Cj0KCQjw8O-VBhCpARIsACMvVLNDtoeeEjxshwa-eZEZsEcueGA3AVspnoHh2PcnNjiVp9W1vlvUbK4aAiANEALw_wcB

[24] https://information.tv5monde.com/info/guerre-en-ukraine-la-detresse-d-etudiants-africains-livres-eux-memes-446483

[25] https://www.aljazeera.net/news/politics/2022/5/14/%D8%A8%D9%8A%D9%86%D9%87%D9%85-%D9%85%D9%82%D8%A7%D8%AA%D9%84%D9%8A%D9%86-%D9%85%D9%86-%D8%A3%D8%B5%D9%88%D9%84-%D8%B9%D8%B1%D8%A8%D9%8A%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%AC%D8%B2%D9%8A%D8%B1%D8%A9-%D9%86%D8%AA

 

[26] https://www.tsa-algerie.com/le-grave-derapage-de-lambassade-ukrainienne-en-algerie/

 

[27] https://www.rfi.fr/fr/afrique/20220304-dakar-proteste-aupr%C3%A8s-de-l-ukraine-pour-ses-recrutements-de-volontaires-au-s%C3%A9n%C3%A9gal