26 janvier 1966 naissance du PAGS en Algérie

Sadek Hadjerès

Sadek Hadjerès est un militant politique algérien, né le 13 septembre 1928 à Larbaâ Nath Irathen et mort le 3 novembre 2022 à Paris.

 

Il est fondateur du Parti communiste algérien (PCA) et un des acteurs du mouvement national algérien, médecin de profession. Engagé pour l’indépendance de son pays, puis contre les régimes autoritaires qui ont succédé à la colonisation française, il passe près de 30 ans de sa vie dans la clandestinité. Il a fondé en 1966 le Parti de l’Avant-Garde Socialiste (PAGS), porte étendard des luttes de la gauche algérienne pendant quarante ans, en grande partie dans la clandestinité .

 

 

26 JANVIER 1966

Il y a quarante ans, naissait formellement le PAGS

par Sadek HADJERES

 

(premier secrétaire du PAGS de 1966 à 1990)

 

Il est difficile d’aborder un évènement qui a amorcé un quart de siècle chargé de luttes et de problèmes, sans évoquer ce qui s’est passé en amont et en aval. Dans le cadre d’un seul article, je me limiterai à quelques évocations et réflexions. Pourvu qu’elles illustrent pour les générations montantes la force, la fierté et aussi les difficultés, les insuffisances et les enseignements d’un mouvement social et démocratique algérien dont les travailleurs manuels et intellectuels se voudraient un noyau dynamique et productif. .

Le 26 janvier 1966 est plus précisément la date d’une première déclaration inaugurale, élaborée à l’initiative de trois catégories de responsables : des membres du PCA, d’autres issus de la gauche du FLN, et d’autres enfin issus du mouvement de masse syndical et étudiant.

C’était en pleine répression et dans la clandestinité totale imposée par les nouveaux tenants du pouvoir depuis le 19 juin 65.

Pour l’essentiel, la déclaration appelait à agir et s’unir pour une solution démocratique et pacifique de la crise politique grave ouverte six mois auparavant par le coup d’Etat.

Cette initiative abordait la situation du pays avec plus de profondeur politique que la réaction immédiate et légitime impulsée après le 19 juin par le rassemblement protestataire de l’ORP (Organisation de la Résistance Populaire).

Cette condamnation du coup d’Etat par l’ORP avait été lancée quelques semaines avant que nombre de ses initiateurs soient durement frappés, en septembre 65 par les arrestations et une répression féroce.

Le contenu de la déclaration de janvier 66 a fait l’objet d’échanges entre les responsables du PCA qui avaient comme moi échappé à la répression et les camarades FLN et PCA emprisonnés dont Zahouane, Harbi et Hadj Ali.

À l’occasion de ces échanges m’étaient parvenus également après de longs détours les textes de Bachir Hadj Ali ( “L’arbitraire” et les poèmes de Septembre ), préfacés par Zahouane et Harbi.

Ils furent aussitôt imprimés et diffusés malgré d’énormes difficultés pratiques, car le PCA, pendant sa mise en veilleuse officieuse au cours de l’année précédente avait préservé nombre de ses structures organiques et moyens matériels.

Les textes eurent un grand retentissement dans les milieux progressistes en Algérie et à l’étranger.

Comme “La Question” de Alleg pendant la guerre d’indépendance, ils dévoilaient les méthodes et les tortures subies par Hadj Ali, Zahouane et plusieurs autres.

On trouvera plus tard d’autres échos de ces pratiques infâmes dans l’ouvrage “Les Torturés d’El Harrach” avec les témoignages d’un grand nombre des victimes de cette répression. Tâche sombre parmi d’autres dans l’histoire algérienne de cette époque.

Ainsi, nous avions appris les exactions subies par les populations de Kabylie durant les affrontements malheureux qui venaient de cesser peu avant le coup d’Etat.

Il y avait aussi le constat peu réjouissant que le Comité central du parti FLN avait refusé d’aborder, au moins sur le principe comme le suggéraient des éléments de gauche de ce CC, certaines pratiques qui avaient entaché la glorieuse lutte d’indépendance.

À ces motifs d’inquiétude s’est ajouté le coup d’arrêt donné par le 19 juin 65 à la montée du mouvement de masse qui avait commencé à surmonter les mesures antidémocratiques et antisociales qui avaient été prises dès les premiers mois de l’indépendance contre le PCA, le FFS, le PRS et l’UGTA.

Au cours du printemps 65, les congrès syndicaux, ceux des étudiants, des mouvements de jeunes et de femmes avaient illustré cette évolution, tandis que le tirage d’Alger républicain avait depuis longtemps et de beaucoup surpassé celui des publications officielles en raison de son contenu ouvert sur les aspirations populaires.