Les élections allemandes de 2025 : premières impressions et incidences
Les élections fédérales allemandes de 2025 se sont tenues environ huit mois avant la date prévue suite à l’effondrement de la coalition gouvernementale en fin d’année dernière. Sans surprise, les partenaires de la coalition ont perdu des voix, le centre-droit en a gagné et le parti d’extrême-droite Alternative für Deutschland (AfD) en a, lui, beaucoup gagné. Seul le résultat impressionnant de Die Linke a créé la surprise.
Avec un taux de 82,5 % (+6,2 %), la participation a été nettement plus élevée que lors des dernières élections fédérales (2021 : 76,4 ; 2017 : 76,2). Il semblerait que la polarisation sociale du pays ait poussé la population à se rendre aux urnes. Pourtant, la théorie selon laquelle une participation électorale plus élevée contribuerait à réduire le soutien aux partis d’extrême-droite ne s’est pas vérifiée. L’AfD a bénéficié de l’augmentation du taux de participation, récoltant de loin le plus grand nombre de voix d’anciens abstentionnistes (1 810 000).
Un coup dur pour le centre
L’Union chrétienne-démocrate et son « parti frère » bavarois (CDU/CSU) sont sortis vainqueurs de cette élection, quoique de justesse – comme prévu, ils ont largement devancé l’AfD tout en accusant le deuxième pire résultat de leur histoire. Le parti a obtenu 28,6 % (CDU : 22,6 ; CSU : 6,0). Il a donc progressé de +4,4 % (CDU : +3,6 ; CSU : +0,8) par rapport à son résultat de 2021 (24,1), le pire résultat électoral jamais obtenu par la CDU/CSU lors d’une élection fédérale.
Cependant, les résultats de la CDU/CSU sont restés inférieurs aux prévisions de la plupart des sondages. En tant que chef de l’opposition, le candidat de la CDU à la chancellerie a eu la tâche facile face au gouvernement le plus impopulaire de l’histoire de l’Allemagne. Il a pourtant inutilement mis en péril sa victoire prévisible par un retournement inattendu. Selon ses propres termes, il s’est lancé « à corps perdu » et a brisé un tabou historique en créant une majorité parlementaire avec l’aide de l’AfD, pour la première fois dans l’histoire du pays. Ce faisant, il s’est non seulement attiré les foudres d’Angela Merkel, figure emblématique de la CDU durant ces deux dernières décennies, mais aussi l’opposition publique des églises catholique et protestante. Au siège de la CDU, on a peut-être poussé un soupir de soulagement lorsque les premiers sondages n’ont pas révélé d’effondrement dans les urnes, mais cette manœuvre restera un lourd fardeau pour Friedrich Merz et la CDU/CSU, même bien après l’élection.
Sur le plan politique, la campagne de la CDU/CSU s’est déroulée sans surprises, étant donné que Merz a orienté le parti bien plus à droite sur l’échiquier politique. Le parti a en effet promis de « mener l’Allemagne au sommet » et de réaliser un redressement économique par la déréglementation et des allégements fiscaux pour les entreprises, de fermer les frontières à « l’immigration illégale » et de supprimer les allocations chômage sous certaines conditions. Dans sa lettre personnelle adressée aux électeurs, Friedrich Merz a écrit qu’il voulait être « à nouveau fier de l’Allemagne ».
Comme prévu, le parti social-démocrate (SPD) a vécu une débâcle électorale 16,4 % (- 9,3) – jamais le parti n’avait obtenu d’aussi mauvais résultats lors d’une élection fédérale. Le dérapage du parti au début de la campagne, lors d’un débat interne assez violent sur le choix du chancelier (Olaf Scholz ou Boris Pistorius), et l’apparent mauvais choix de candidat qui a suivi ne doit pas masquer les problèmes structurels des sociaux- démocrates : si le candidat du SPD n’a rien d’autre à offrir sur la question de l’immigration que d’affirmer que les expulsions sont déjà en cours et qu’elles seront bientôt amplifiées, son nom importe peu.
L’élan de renouveau qui a porté le SPD après l’élection de Norbert Walter-Borjans, de Saskia Esken, et la présidence de Kevin Kühnert, semble toucher à sa fin. Walter-Borjans a pris sa retraite et Kühnert a quitté la politique pour des raisons de santé. L’appréciation des compétences du SPD sur les questions de justice sociale est au plus bas de son histoire (26 %, -14). Le SPD a perdu des électeur·ices de tous les côtés : 560 000 voix au profit de Die Linke et 440 000 voix au profit de BSW, mais c’est au profit de la droite qu’il a perdu le plus grand nombre de voix : 1 760 000 électeur·ices au profit de la CDU et 720 000 autres au profit de l’AfD.
Les Verts ont perdu -3,6 % et obtiennent un score de 11, 6 %, ce qui reste leur deuxième meilleur résultat dans une élection fédérale. Ils enregistrent une perte moins forte que les autres partis au pouvoir, mais le projet lancé par Robert Habeck et Annalena Baerbock, alors dirigeants du parti, de devenir le nouveau parti hégémonique de centre- gauche et toucher systématiquement de nouveaux groupes d’électeur·ices a échoué. Les Verts ne sont pas parvenus à séduire largement à gauche et ont perdu du terrain face à Die Linke. Le principal candidat des Verts, M. Habeck, a expliqué que c’était le prix à payer pour être prêt à gouverner dans ces circonstances et sous la direction du chancelier Merz.
Le « boom vert », suscité par l’essor des mobilisations climatiques à la fin des années 2010 et au début des années 2020 s’est finalement estompé, ce qui s’est traduit par la chute des résultats des Verts, surtout chez les jeunes électeur·ices (16-24 ans) : -12 pour cent). Les Verts ont perdu la majorité des électeur·ices au profit de Die Linke (- 700 000) et de la CDU/CSU (- 460 000). Parmi ceux qui ont tout de même voté pour les Verts, 74
% pensent qu’une coalition avec la CDU est une bonne solution. Pour 62 % de leurs électeur·ices, la « politique climatique et environnementale » a été la raison décisive de leur vote.
Un rêve éveillé pour Die Linke
Die Linke est le parti du moment, avec 8,8 % des voix (+3,9) et six mandats directs. Après avoir obtenu seulement 2,7 % aux élections européennes de juin 2024 et être resté bien en dessous des 5 % pendant des années dans les sondages, le parti a réussi à tripler son soutien en seulement quelques semaines de campagne, en s’appuyant sur ses succès électoraux précédents et en battant des records d’adhésion. Avec 4,35 millions de voix (4 355 382 précisément), le parti a obtenu son deuxième meilleur résultat lors d’élections fédérales et son meilleur résultat dans l’ouest de l’Allemagne (3 034 032 voix). Die Linke reste un parti fidèle à ses idées politiques : 80 % des sympathisant·es de Die Linke ont voté pour le parti en raison de son programme (9 % par loyauté envers le parti, 12 % en raison des candidats). Il a progressé chez les ouvrier·es (8 %, +3) et les employé·es (9 %, +4), ainsi que parmi les femmes (10 %, +5), tandis qu’il atteint 7 % chez les hommes.
Cette impressionnante « résurrection » est une réussite collective et n’est donc pas facile à appréhender. C’est « comme un rêve éveillé », explique la présidente du parti, Ines Schwerdtner, qui n’en est elle-même membre que depuis un an et demi environ. Même les membres de longue date du parti sont perplexes. Quiconque cherche des explications trouvera divers facteurs, dont des circonstances favorables, mais le vote au Bundestag annoncé par Merz le 24 janvier, conduisant à la première majorité au Bundestag avec des votes décisifs pour l’AfD le 29 janvier, a accéléré une dynamique qui avait déjà commencé à prendre forme au cours des semaines précédentes. Le succès de cette initiative sera discuté pendant des mois, mais quelques éléments essentiels peuvent d’ores et déjà être identifiés :
Le programme du parti, qui s’attaque au capital et aux ultra-riches afin de surmonter les crises de notre époque dans le cadre d’une transformation socio-écologique est un argument de vente sans autre égal dans l’arène politique.
L’essence même du parti est intacte et plusieurs aspects ont été mis au goût du jour ces dernières années. Outre son ancrage de longue date, souvent imperceptible, dans des initiatives locales ou ses années de pratique de consultations sociales, le parti a récemment et à maintes reprises montrées ce dont il était capable avec des campagnes électorales locales étonnamment puissantes et parfois couronnées de succès. Ce processus s’est souvent déroulé dans l’ombre et a gagné en dynamisme depuis le départ de Sahra Wagenknecht : Die Linke gagne du terrain et peut enfin montrer ce dont il est capable.
Contrairement aux campagnes électorales précédentes, il n’y a pas eu de sabotage de la part du groupe parlementaire. Le groupe parlementaire a même travaillé avec la direction du parti, œuvrant comme un outil de ce dernier. Cela a été le cas dans d’autres partis pendant des décennies et c’est désormais aussi le cas pour Die Linke.
Le premier acte officiel des nouveaux dirigeants a été d’ajuster leur propre salaire au salaire moyen des travailleur·euses allemands, ce qui a renforcé leur crédibilité tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du parti. Ils ont également procédé à quelques ajustements, notamment en se concentrant sur des sujets de communication choisis (plafonnement des loyers, augmentation des prix et redistribution des richesses), même si un autre sujet, la « lutte contre la droite », s’est finalement avéré décisif pour de nombreux·ses nouveaux·elles membres et électeur·ices.
Après les élections européennes de 2024, l’ensemble du parti s’est retrouvé au bord du gouffre et a été sanctionné en conséquence. En se mettant d’accord sur deux candidats principaux aussi rapidement, le parti a démontré une nouvelle unité. Toute la campagne électorale s’est déroulée sous le signe de cette unité et n’a pas comporté d’erreurs techniques. Le fait que le parti ait déjà élaboré une feuille de route pour les élections fédérales de début 2024, qu’il ait réalisé de vastes enquêtes en porte-à-porte à l’automne et qu’il ait pu élaborer son manifeste électoral sur la base des résultats lui a permis de se lancer bien préparé dans la campagne électorale surprise. Le jour du scrutin, le parti avait frappé à plus de 600 000 portes dans tout le pays et établi ses propres canaux de communication au-delà des émissions d’opinion dans les talk- shows, jouant à la fois le rôle de sismographe (prenant la température) et de canal d’information (diffusant l’information dans la société). La pratique du porte-à-porte, introduite sous la direction de Katja Kipping et de Bernd Riexinger et continuellement développée depuis, s’est avérée bien utile face à l’offensive des réseaux sociaux, un outil important pour se rapprocher des gens.
Au-delà du cas de Die Linke, l’absence d’un parti de gauche au Parlement aurait été une catastrophe pour la gauche dans son ensemble. Cette présence a non seulement conduit à ce que de nombreux nouveaux membres rejoignent le parti, mais Die Linke a aussi bénéficié d’un large éventail de soutiens, de communiqués, de retours positifs dans les journaux et d’autres formes de soutien direct et indirect, du journal de gauche « Taz » jusqu’aux influenceurs, en passant par les cercles syndicaux, les militant·es du mouvement et les journalistes. Dans l’ensemble, cela a donné une impulsion au parti.
Le parti a remédié à une baisse du soutien (- 5 %) en appliquant quelques idées originales : la mission Silberlocke lui a permis de se frayer un chemin vers le parlement en dépit des 5 % manquants, ce qui était tout aussi important pour ses propres partisan·es que pour les électeur·ices sceptiques. Le parti a prouvé son pragmatisme en proposant une application qui vérifie les factures de chauffage des locataires et une autre qui permet de traquer les loyers exorbitants.
L’élection elle-même a été favorable à Die Linke : il n’y a pas eu de course serrée pour la chancellerie, c’est pourquoi contrairement à 2021, il n’y avait pas de raisons poussant les électeur·ices de centre-gauche à voter « utile » pour le SPD ou les Verts. Le fait que Friedrich Merz ait brisé les tabous a donné un élan supplémentaire à Die Linke.
Les principaux candidats de Die Linke étaient aussi au bon endroit au bon moment : les interventions de Jan van Aken dans des talk-shows ont été accueillies avec enthousiasme même au-delà du parti et le discours de Heidi Reichinnek contre Merz a été visionné par plus de 25 millions de personnes.
Face à l’essor des adhésions, il est maintenant important de s’appuyer sur ce succès pour analyser la situation politique. Malgré la bonne humeur, il convient de porter un regard lucide sur le contexte socio-politique. L’AfD dépasse les 20 % et s’est solidement établi dans certaines parties du pays (en particulier à l’Est). Nous assistons donc probablement à un mouvement de « fascisation », dans lequel on ne sait pas vraiment la voie que le CDU/CSU et les élites au pouvoir qui lui sont associées emprunteront. Cela dit, les luttes à venir seraient certainement plus difficiles à mener sans une voix de gauche au Parlement.
La dynamique qui se développe autour de Die Linke est impressionnante. Il s’agit d’une véritable refondation : environ 60 % (59,9 précisément) de ses membres ont adhéré depuis l’élection de 2021, et plus de 50 % depuis le départ de Sahra Wagenknecht. En novembre 2023, une étude de la fondation Rosa Luxemburg a révélé que le potentiel électoral de Die Linke avoisinait les 15 %. Il faut maintenant, d’une part, continuer d’exploiter cette adhésion et, d’autre part, l’élargir en conférant au parti un véritable attrait. Les très bons résultats de Die Linke chez les moins de 18 ans (20,8 %) ainsi qu’auprès des jeunes électeur·ices (18-25 ans) : 25 pour cent (+17), 25-34 ans : 16 % (+9) ont de quoi susciter l’espoir. Beaucoup d’entre eux ont apparemment voté pour les Verts ou le FDP ces dernières années, et l’un des principaux défis pour Die Linke consistera à conserver ces électeur·ices à long terme. Il ne faut pas non plus oublier que les plus de 60 ans représentent 42,1 % de l’électorat alors que les moins de 30 ans ne représentent que 13,3 % de l’électorat. Comme lors des élections fédérales de 2021, Die Linke a obtenu 4 % des voix des électeur·ices de plus de 60 ans, ce qui montre son énorme potentiel de développement.
Une opposition battue
Le Parti démocrate libre (FDP) a perdu la « bataille » qu’il avait déclenchée et est à nouveau exclu du Bundestag avec un résultat de 4,3 % (-7,1). Cela révèle la longue crise
que traverse le parti : depuis qu’il a rejoint la coalition du feu tricolore, le FDP n’a pas atteint le seuil des 5 % dans 7 des 10 élections régionales. Lors des élections régionales en Allemagne de l’Est, il n’a pas atteint le seuil des 5 %. Le parti a presque été pulvérisé lors des élections régionales de l’automne 2024 (Thuringe : 1,1 %, Saxe : 0,9 %, Brandebourg : 0,8 %).
D’autre part, Christian Lindner, en tant que chef de parti, a clairement surjoué sa recherche d’une sortie de crise. Le FDP ne disposait pas de l’unité nécessaire pour faire couler le gouvernement, ce qui explique pourquoi le ministre des Transports Volker Wissing a préféré rester dans la coalition plutôt que dans le FDP. Lors du vote initié par la CDU sur une loi visant à « limiter l’immigration », dans lequel la CDU était pendue aux votes de l’AfD et du FDP, une grande partie du groupe parlementaire du FDP (y compris le chef adjoint du parti) ont refusé de les suivre.
Du point de vue politique, le FDP semble à bout de souffle après les douze années de one-man-show de Christian Lindner. Son appel à « faire plus comme Javier Milei » et sa façon presque gênante de mendier publiquement l’attention d’Elon Musk, qui a préféré courtiser l’AfD à la place, ont apparemment été aussi peu convaincants que le travail des ministres du gouvernement FDP et leur parcours séditieux au sein de la coalition gouvernementale. Tout cela n’a fait qu’agacer la population au sujet du travail de la coalition. Finalement, la CDU/CSU a également pris ses distances. L’avenir des libéraux semble grand ouvert. Lindner a déjà annoncé la fin de sa carrière politique.
L’Alternative für Deutschland a obtenu un résultat record de 20,8 %. Il s’agit du parti le plus puissant de l’Est et il comptera 151 députés au Parlement, soit plus que jamais auparavant. Cela signifie également qu’au cours des quatre prochaines années – tant que le parti n’est pas interdit – l’AfD recevra plus d’argent public que jamais par le biais du financement des partis nationaux et que davantage de nazis se verront attribuer des postes rémunérés au sein du Parlement. Pour les électeur·ices de l’AfD, les thèmes décisifs de l’élection ont été « l’immigration » (38 %) et la « sécurité intérieure » (33 %). Une majorité (54 %) déclare soutenir le parti par conviction, tandis que 39 % disent le faire par « déception à l’égard des autres partis ». Le parti est particulièrement populaire auprès des travailleur·ses (38 %, +17) et des chômeur·euses (34 %, +17). Il a réussi à attirer des partisans de tous les partis, à l’exception du BSW, très récent (les 60 000 électeur·ices qui ont migré vers le BSW ne sont guère significatifs).
L’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW) a manqué de peu le seuil des 5 % avec 4,97 et n’a pas réussi à entrer au Parlement. Sahra Wagenknecht se retrouve donc dans une situation difficile. Elle a mis tous ses œufs dans le même panier en fin de campagne électorale, en jouant son avenir personnel sur le résultat de l’élection – si elle tient sa parole, sa carrière politique est probablement finie. Ce résultat ne traduit pas seulement l’échec personnel de Sahra Wagenknecht car l’idée de combattre l’AfD par la gauche en adoptant ses positions sur certains sujets politiques (migration et guerres culturelles de droite) a également échoué.
Le BSW a explicitement entrepris d’affaiblir l’AfD, mais un examen des schémas de transfert des électeur·ices montre qu’il a pris davantage de voix à tous les autres partis plutôt qu’à l’AfD – seul·es 60 000 électeur·ices ayant voté pour l’AfD en 2021 sont passés au BSW, contre 410 000 pour le SPD, 410 000 autres pour les ex- abstentionnistes et 340 000 pour les ex électeur·ices de Die Linke. Dans l’état actuel des choses, on peut conclure que la stratégie du BSW a renforcé le discours de droite, sans pour autant affaiblir l’AfD sur le plan électoral.
Après son ascension fulgurante cette année et ses succès au cours des trois élections régionales dans l’Est, les problèmes se sont enchaînés. Une double candidature a fait polémique lors des élections régionales de Hambourg. Le député européen Friedrich Pürner a quitté le BSW, l’accusant d’être dirigé par de vieilles cliques de Die Linke, tandis qu’en Bavière, des membres éminents du parti ont démissionné pour protester contre les votes parlementaires du BSW. Ce dernier s’étant abstenu lors de la rupture historique du tabou de la CDU avec la première majorité parlementaire obtenue uniquement grâce aux votes de l’AfD, et ayant même voté deux jours plus tard avec la CDU et l’AfD en faveur d’une loi visant à limiter l’immigration.
Lors des élections européennes de juin 2024, 86 % des électeur·ices du BSW ont déclaré avoir voté pour le BSW en raison du charisme de la dirigeante Sahra Wagenknecht. Le BSW continuera probablement d’exister en tant que parti, il est déjà prévu qu’il change de nom pour devenir « l’Alliance pour la prospérité et la sécurité », mais la plupart des sympathisants se demandent sans doute si le BSW en tant que projet politique n’est pas sur le point de disparaître. Quoi qu’il en soit, il est désormais clair que le « déficit de représentation » invoqué par Sahra Wagenknecht n’est pas assez important pour qu’un parti « social et conservateur » franchisse le seuil des 5 %.
Les petits partis méritent une attention toute particulière dans cette élection : le Parti pour le bien-être des animaux : 1,0 pour cent (-0,5), Die Partei : 0,5 pour cent (-0,5), Volt: 0,7 pour cent (+0,4). Alors que lors des élections précédentes, et surtout lors des européennes de 2024, la montée en puissance du Parti pour la protection des animaux, de Die Partei, des Pirates et de Volt pouvait être perçue comme le symptôme du manque d’attrait et de la faiblesse de Die Linke, c’est probablement l’inverse qui se produit aujourd’hui. On peut tout au moins remarquer que plus Die Linke monte dans les sondages, plus ces autres partis s’affaiblissent.