Luntango (Étranger)

Titre du film
Luntango (Étranger)

 

Réalisateur·trices, pays
Réalisateur·trices : Muhammed Lamin Jadama et Vanessa Macedo, Allemagne / Gambie, 2019 ; VOSTFR ; 17 min

Luntango (Étranger)

Synopsis
Muhammed se sent tout autant étranger en Gambie, son pays natal, qu’en Allemagne, où il vit désormais. Luntango est l’histoire d’un activiste et photographe autodidacte, pour qui l’art est un tremplin pour montrer ce que signifie aujourd’hui être noir, réfugié et immigré dans sa société d’accueil.

 

Le mot du réalisateur
Luntango signifie “étranger” en langue mandingue. Avec ce film, je voulais exprimer ce que signifie pour moi être immigré ou étranger en Europe. Même quand je passe du temps en Sénégambie, beaucoup de gens, y compris ma famille et mes ami·es, me considèrent désormais comme un Européen. Ces catégorisations sont déroutantes ; je me demande si elles sont vraiment nécessaires, et quel rôle elles jouent dans notre vie quotidienne.”

“En tant qu’immigré·es, nous sommes pris·es au piège, constamment coincé·es entre la pression de nos familles d’origine et la société dans laquelle nous vivons. J’ai été contraint de migrer pour survivre. En exil, j’ai été confronté à de nombreuses difficultés que je dois surmonter pour rester ici en Europe et continuer ma vie.”

Contexte
“Étranger·es”, “migrant·es” ou “personnes issues de l’immigration” restent les termes les plus courants pour désigner tous·tes celles et ceux qui, en raison de leur apparence ou de leur nom à consonance étrangère, sont perçu·es comme non-allemand·es, peu importe le temps qu’ils et elles ont passé dans ce pays, dans lequel ils et elles sont même parfois né·es. La diversité et la pluralité des expériences ne sont toujours pas perçues en tant que telles.

Dans son livre Philosophie de la migration, Donatella Di Cesare a mis en évidence que l’exclusion dont sont victimes les migrant·es visent finalement à nier leur existence. L’inexistence de la personne migrante est alors double : elle n’existe pas dans son lieu d’arrivée, où elle est rejetée, et elle n’existe plus dans son lieu de départ, d’où elle reste absente malgré ses aspirations. Même si les migrant·es reviennent dans leur pays d’origine, ils et elles découvrent être devenu·es des étranger·es pour celles et ceux qui sont resté·es.