Lifelong Transit (Une vie en transit)

Titre du film
Lifelong Transit (Une vie en transit)

 

Réalisation, pays
Réalisateur : Ahmad Mahmoud, Soudan, 2019

Lifelong Transit (Une vie en transit)

Synopsis
L’idée de départ était de réaliser un film sur une jeune femme érythréenne qui vit et travaille au Soudan, réfugiée sans statut légal. Le film devait traiter des difficultés et des dangers auxquels elle est confrontée au quotidien. Dans son interview, le cinéaste Ahmad Mahmoud explique de manière saisissante pourquoi le projet n’a pas abouti.

 

Le mot du réalisateur
“De nombreux facteurs politiques et personnels ont contribué à retarder le film. Après le massacre du 3 juin, j’ai dû lutter contre une dépression qui a également eu des répercussions sur mon travail. La situation des migrant·es ici [au Soudan], que j’ai documentée, a également beaucoup changé après la “révolution”, et l’actrice principale est maintenant très sceptique vis-à-vis du film, ce qui me pousse à reconsidérer son rôle dans l’histoire.”

 

Contexte
En avril 2019, après des mois de manifestations populaires, le régime islamo-militaire d’Omar al-Bachir est renversé après 30 ans au pouvoir. L’opposition civile et l’armée trouvent un accord autour d’un gouvernement commun de transition, qui devait ouvrir la voie à des élections. Bien que le cabinet soit composé en majorité de civil·es, l’armée, avec à sa tête le général Fattah al-Burhan, le contrôle encore aujourd’hui. Les changements espérés se sont révélés décevants pour de nombreux manifestant·es. Face à l’influence persistante des militaires et à la dégradation de la situation socio-économique, des manifestations civiles sont organisées régulièrement, et sont souvent réprimées par la violence.

 

Le « massacre de Khartoum » s’est déroulé le 3 juin 2019, lorsque les forces du Conseil militaire de transition soudanais, dirigées par les Forces de soutien rapide (RSF) paramilitaires, ont fait usage de gaz lacrymogènes et de balles réelles pour disperser un sit-in de manifestant·es. Le nombre exact de victimes n’est pas connu, car internet a été presque entièrement bloqué dans les jours qui ont suivi le massacre. Selon certaines estimations, plus de 100 personnes ont été tuées, et au moins 40 corps ont été repêchés dans le Nil. Des centaines de civil·es non armé·es ont été blessé·es, arrêté·es et violé·es, à Khartoum et dans tout le pays.

 

La vidéo présentée dans cette exposition montre un entretien avec le cinéaste Ahmad Mahmoud, qui vit à Khartoum. Le réalisateur, qui se considère comme un militant politique, était présent pendant le massacre de Khartoum. Traumatisé par les événements, il n’a pas (encore) pu réaliser son film.